La dénomination du nouveau siège de l’Assemblée nationale du Cameroun en l’honneur du président Paul Biya suscite une vive polémique.Me Akere Muna, Le juriste et candidat déclaré à la présidentielle, , dénonce un dangereux précédent pour la démocratie camerounaise.
L’ Assemblée nationale du Cameroun inaugure solennellement son nouveau siège, baptisé « Palais de Verre Paul Biya ». Un nom qui n’a pas laissé indifférent. Dans une déclaration ferme, Me Akere Muna, avocat renommé et candidat déclaré à l’élection présidentielle à venir, s’élève contre ce qu’il considère comme une atteinte flagrante aux principes démocratiques et à la séparation des pouvoirs.
« La décision de nommer le bâtiment du Parlement d’après le Président Biya brouille les frontières entre l’État et l’individu », alerte-t-il. « Elle remet en cause la neutralité d’une institution qui devrait rester indépendante, surtout lorsque le chef de l’État est également le chef d’un des partis représentés au sein même du Parlement. »
Le nouveau palais de l’assemblée nationale
Un signal inquiétant pour la démocratie
Pour Me Muna, cette démarche illustre une tendance inquiétante à la personnalisation excessive du pouvoir. Il s’interroge sur le message envoyé aux citoyens dans un contexte où le président Paul Biya cumule plus de quatre décennies à la tête de l’État. Il rappelle que ce dernier n’a jamais été parlementaire, contrairement à d’autres figures historiques du Cameroun comme Ahmadou Ahidjo, John Ngu Foncha, Charles Assalé, Augustine Ngom Jua, Salomon Tandeng Muna, Simon Achidi Achu ou encore Bello Bouba Maïgari.
« Contrairement à ces illustres hommes d’État, Paul Biya n’a jamais siégé au Parlement. Cela rend la décision de lui attribuer ce nom d’autant plus discutable », insiste-t-il.
Entre hommage et dérive institutionnelle
Si certains y voient une reconnaissance de la longévité politique du chef de l’État, Akere Muna appelle à une réflexion de fond sur la symbolique attachée aux institutions de la République. « Nommer une structure aussi centrale que le Parlement au nom d’un président en exercice revient à placer le pouvoir exécutif au-dessus du législatif – un déséquilibre périlleux pour toute démocratie».
Alors que le Cameroun s’apprête à vivre une échéance électorale cruciale, ce geste symbolique pourrait avoir des répercussions politiques et institutionnelles durables. « Reste à savoir si cette décision résistera à l’épreuve du temps », conclut Me Muna, invitant les Camerounais à rester vigilants quant à l’intégrité de leurs institutions.