Coup de tonnerre dans le paysage du football camerounais : le Bamboutos FC a annoncé ce lundi son retrait immédiat du championnat MTN Elite One. Dans une lettre au vitriol adressée à la Fédération camerounaise de football (FECAFOOT), le club accuse l’instance dirigeante de blocage financier, de sabotage arbitral et de manquements répétés à ses engagements contractuels. Une rupture spectaculaire qui met en lumière le malaise profond d’un football local à bout de souffle.
Une ardoise de 90 millions : le cri d’asphyxie d’un club historique
Le document transmis par les dirigeants de Bamboutos FC est sans appel : près de 90 millions de FCFA de créances restent impayées par la FECAFOOT. En ligne de mire :
50 millions promis pour leur sacre en Super Coupe 2022-2023,
25 millions au titre de vice-champion de la saison 2023,
15 millions pour la finale de la Coupe du Cameroun 2022, perdue mais contractuellement récompensée.
Le club évoque aussi une clause bafouée : la non-rétrocession de 50 % des recettes de billetterie, pourtant garantie par convention. « C’est une question de survie, pas de confort », confie un cadre technique. « Comment payer les salaires ou entretenir les infrastructures dans ces conditions ? »
Manipulations arbitrales : le ras-le-bol d’un club trahi
Au-delà de l’aspect financier, c’est le terrain qui cristallise la colère. Le club dénonce une série d’« injustices orchestrées » par certains officiels, avec en toile de fond une volonté de nuire à ses performances. Buts annulés sans explication, penalties imaginaires, décisions litigieuses à répétition… La coupe est pleine.
Un joueur, sous anonymat, évoque une « main invisible » derrière chaque coup de sifflet : « On sent que le sort est décidé avant même le coup d’envoi ».
Ces accusations s’inscrivent dans un climat de défiance généralisée : une enquête indépendante menée en 2024 révélait que 68 % des fans camerounais estiment que l’arbitrage est biaisé ou corrompu. Résultat : les stades se vident, l’audience télé s’effondre, et la passion s’émousse.
Samuel Eto’o sous pression : la FECAFOOT en zone rouge
La lettre a été adressée non seulement à la FECAFOOT, mais aussi à la FIFA, à la CAF et au ministère des Sports. Une initiative qui place le président de la fédération, Samuel Eto’o, dans une situation particulièrement délicate. Officiellement, aucune réaction n’a encore filtré. En interne, cependant, certains responsables craignent un effet domino.
« Si un club aussi populaire que Bamboutos tire la sonnette d’alarme de cette manière, combien d’autres oseront parler demain ? », glisse un dirigeant sous couvert d’anonymat.
Sur les réseaux sociaux, la mobilisation est fulgurante. Le hashtag #JusticePourBamboutos est devenu viral, témoignant de l’ampleur de la crise. Des milliers d’internautes réclament transparence, audits et sanctions.
Un championnat en péril : vers un séisme structurel ?
Le retrait de Bamboutos FC représente bien plus qu’un simple forfait. C’est tout l’équilibre du championnat Elite One qui vacille. Le club tire sa révérence en pleine saison, laissant un vide immense, notamment dans les derbys contre Coton Sport véritables événements populaires.
La FECAFOOT doit maintenant trancher : annuler les matchs de Bamboutos ? Attribuer des victoires sur tapis vert ? Ou repêcher un club à la hâte pour combler le vide ?
Vers une réforme ou un effondrement ?
Pour de nombreux analystes, cet épisode pourrait être le catalyseur tant attendu pour repenser les fondements du football camerounais. « On ne peut pas continuer à avancer avec des béquilles », tranche Jean-Baptiste Onana, chroniqueur sportif. « Soit on réforme en profondeur, soit on assiste à une lente agonie ».