Le président de la transition burkinabè, le capitaine Ibrahim Traoré, a accordé une grâce présidentielle à 21 militaires condamnés pour leur rôle dans le coup d’État manqué de septembre 2015. Cette décision, annoncée le 31 mars 2025, marque un tournant dans la politique de réconciliation nationale du pays.
Un putsch avorté qui a marqué l’histoire du Burkina Faso
En septembre 2015, un an après la chute de Blaise Compaoré, des éléments du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) avaient tenté de renverser le gouvernement de transition dirigé par Michel Kafando. Ce coup de force, rapidement réprimé par l’armée loyaliste et la mobilisation populaire, avait fait plusieurs morts et blessés. Les principaux instigateurs avaient été arrêtés et jugés lors d’un procès historique en 2019, aboutissant à des peines allant de plusieurs années de prison à la réclusion à perpétuité.
Une mesure présidentielle controversée
En signant le décret de grâce le 24 mars dernier, Ibrahim Traoré a fait usage de ses prérogatives présidentielles pour effacer les condamnations et leurs effets juridiques. Cette initiative s’inscrit dans le cadre d’une loi adoptée en décembre 2024 visant à favoriser l’apaisement et la réconciliation nationale, dans un contexte où le pays fait face à des défis sécuritaires majeurs liés au terrorisme.
Si certains analystes y voient un geste pragmatique pour refermer un chapitre douloureux de l’histoire politique du Burkina Faso, d’autres redoutent que cette décision ne remette en question la quête de justice des victimes du putsch avorté.
Quel impact sur la transition en cours ?
Le Burkina Faso, sous la direction du capitaine Traoré, navigue dans une période de transition délicate. Cette grâce présidentielle pourrait être perçue comme une tentative de consolidation du pouvoir en réintégrant certains acteurs militaires du passé dans le paysage politique. Toutefois, l’absence de réaction officielle des familles des victimes et des organisations de défense des droits humains laisse planer le doute sur l’acceptabilité sociale de cette mesure.
Alors que le pays lutte contre l’insécurité et tente de tracer la voie vers un retour à un régime civil, cette décision présidentielle pourrait bien redéfinir les équilibres politiques internes et influencer les prochaines étapes de la transition.