fbpx
Coup d'état avorté 1984 :quand la loyauté des forces armées a sauvé le régime. Actualité du Cameroun
Paul Biya, Amadou Ahidjo

Cameroun – Coup d’État 1984  : loyauté de l’armée au régime, un mythe?  

Retour sur une nuit sanglante à Yaoundé, ses répercussions politiques et l’ombre persistante d’Ahmadou Ahidjo.

Dans la nuit du 5 au 6 avril 1984, un coup d’état se prépare au Cameroun. Des coups de feu éclatent aux abords du palais présidentiel. Une poignée de militaires tente de renverser le président Paul Biya, fraîchement installé au pouvoir après la démission d’Ahmadou Ahidjo en 1982. Mais en quelques heures, la tentative échoue, laissant place à une répression brutale et à des questions encore sans réponse.

Une tentative de coup d’état vite étouffée

Les putschistes, principalement des officiers de la Garde républicaine et de l’armée, prennent d’assaut la Radio nationale pour annoncer la chute du régime. Cependant, un technicien parvient à limiter la diffusion du message, empêchant la propagation du chaos au-delà de Yaoundé.

Les motivations exactes des mutins restent floues. Certains y voient une réaction à la marginalisation des élites du Nord sous Biya, d’autres évoquent des manœuvres de l’ancien président Ahidjo, alors en exil en France. Interrogé par Radio Monte Carlo, ce dernier répond de manière énigmatique : « Si ce sont mes partisans, ils auront le dessus. » Une déclaration qui alimente les rumeurs d’une implication indirecte.

La sanglante répression post-putsch

Dès les jours suivants, le régime réagit avec une extrême fermeté. Des dizaines d’officiers, majoritairement originaires du Nord, sont arrêtés, jugés sommairement et exécutés, notamment à Mbalmayo et Ebolowa. Les corps des supposés conspirateurs sont exposés en public, dans une démonstration de force destinée à dissuader toute nouvelle rébellion.

Paul Biya, dans un discours à la nation, condamne la violence et félicite les forces de défense pour leur loyauté. Mais cette nuit marque un tournant dans son règne : désormais, la méfiance envers l’armée et les anciens réseaux ahidjistes s’installe durablement.

Un héritage politique trouble

Quatre décennies plus tard, l’épisode du 6 avril 1984 reste un sujet sensible au Cameroun. Pour certains, il symbolise la résilience du pouvoir face aux coups de force ; pour d’autres, il illustre les fractures ethniques et politiques qui traversent le pays.

Si le Cameroun a depuis évité d’autres putschs, cette page sombre rappelle que la stabilité du pays repose sur un équilibre fragile, entre unité nationale et règlements de comptes politiques.

Georges Potain

🎥 Suivez-nous sur YouTube !

À propos Georges Potain LIKENG

Laisser un commentaire