Le détournement de fonds est au cœur d’une nouvelle controverse qui secoue le football camerounais. Une plainte a été déposée contre Samuel Eto’o Fils, président de la Fédération Camerounaise de Football (FECAFOOT), pour mauvaise gestion présumée des subventions publiques allouées aux compétitions nationales.
Cette plainte, adressée au Tribunal Criminel Spécial (TCS) de Yaoundé, émane de plusieurs dirigeants de clubs camerounais. Ils accusent l’ancienne star du football d’avoir détourné des fonds destinés à l’organisation des championnats professionnels MTN Elite One et Elite Two.
Des subventions publiques détournées ?
En janvier 2025, le gouvernement camerounais, par l’intermédiaire du Ministre d’État, Secrétaire Général de la Présidence de la République, a annoncé l’octroi d’une subvention exceptionnelle de 910 millions de francs CFA à la FECAFOOT. Cet argent était censé être utilisé pour financer l’organisation des championnats MTN Elite One et Elite Two pour la saison 2024-2025. Cependant, plusieurs mois après ce transfert de fonds, les clubs concernés affirment ne jamais avoir reçu leur part de cette aide financière.
Plus inquiétant encore, les plaignants révèlent que même les 350 millions de francs CFA prévus pour la location des stades n’ont jamais été versés à l’Office National des Infrastructures et Équipements Sportifs (ONIES), l’organisme en charge de la gestion des infrastructures sportives. Cette situation a contraint les clubs à financer eux-mêmes la location des stades, alors que les fonds avaient déjà été débloqués en amont par l’État.
Un climat de tension et une gestion opaque
La plainte met également en lumière une gestion jugée opaque et calamiteuse des ressources financières de la FECAFOOT. Selon les plaignants, Samuel Eto’o et son administration auraient bénéficié depuis 2021 de plusieurs virements bancaires en lien avec ces subventions, sans jamais justifier leur utilisation. Cette situation aurait entraîné un climat de méfiance et de frustration au sein des clubs de football, qui peinent à obtenir les fonds nécessaires à leur fonctionnement.
Les tensions ont atteint un point critique en février 2025, lorsque des altercations ont éclaté entre des dirigeants de clubs et des responsables de la FECAFOOT. Ces incidents auraient perturbé le bon déroulement des compétitions et terni l’image du football camerounais. Malgré ces tensions, la FECAFOOT n’a pas fourni d’explications claires sur l’utilisation des subventions perçues.
Des sanctions encourues en cas de détournement de fonds
L’article 184 du Code pénal camerounais punit sévèrement toute personne reconnue coupable de détournement de fonds publics. En vertu de cette loi, quiconque soustrait, détourne ou retient frauduleusement des biens publics encourt de lourdes sanctions pénales, notamment lorsque les sommes détournées dépassent 50 millions de francs CFA.
Dans ce contexte, les plaignants demandent que la lumière soit faite sur la gestion des finances de la FECAFOOT sous la présidence de Samuel Eto’o. Ils sollicitent l’intervention du Ministère des Finances, qui est l’organe payeur, afin d’examiner les flux financiers entre l’État et la fédération de football.
Un scandale qui pourrait secouer la présidence de la FECAFOOT
Si ces allégations de détournement de fonds sont confirmées par la justice, cette affaire pourrait avoir de graves conséquences sur la gouvernance du football camerounais et sur la carrière administrative de Samuel Eto’o. En tant que président de la FECAFOOT, il est statutairement responsable de la gestion des finances de l’organisation. Toute implication avérée dans cette affaire pourrait non seulement nuire à son image, mais aussi compromettre son avenir à la tête du football camerounais.
Le Tribunal Criminel Spécial (TCS) est désormais saisi du dossier. La justice camerounaise devra établir si les accusations portées contre Samuel Eto’o sont fondées et, le cas échéant, prendre les mesures nécessaires. En attendant, les clubs de MTN Elite One et Elite Two continuent de réclamer des explications sur l’utilisation des subventions qui leur étaient destinées.
Ce scandale rappelle les défis persistants liés à la transparence financière dans la gestion du sport au Cameroun. L’issue de cette affaire sera décisive non seulement pour la FECAFOOT, mais aussi pour la crédibilité des institutions sportives camerounaises.
