Malgré un contexte économique marqué par des tensions de liquidité et un resserrement des conditions du marché, le Cameroun a enregistré une augmentation significative de ses emprunts sur le marché des titres publics de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC).
Selon les données révélées par le ministre des Finances, Louis Paul Motazé, lors d’une présentation aux investisseurs le 13 février 2025 à Douala, le pays a mobilisé un total de 1 153,9 milliards de FCFA en 2024, soit une progression de 20,4% par rapport à l’année précédente.
Un marché sous pression mais toujours attractif
Cette hausse s’inscrit dans un contexte où le marché des titres souverains de la sous-région fait face à des défis croissants. Le directeur général du Trésor au ministère des Finances, Sylvester Moh, a souligné une tendance au raccourcissement des maturités des titres émis, traduisant une prudence accrue des investisseurs.
Par ailleurs, le coût d’endettement du Cameroun sur ce marché continue d’augmenter. Le ministre des Finances a précisé que la rémunération des Bons du Trésor Assimilables (BTA) a grimpé de 2,67% en 2020 à 6,30% en 2024, signe d’un durcissement des conditions de financement. Malgré cette évolution, le taux de couverture des titres émis demeure élevé, atteignant 69% en 2024, ce qui témoigne de la confiance persistante des investisseurs envers la signature du Cameroun.
Une stratégie d’endettement assumée
Malgré ces conditions moins favorables, le gouvernement camerounais continue de miser sur le marché de la BEAC pour mobiliser des ressources destinées au financement de son budget et de ses projets de développement. Cette dynamique d’endettement s’inscrit dans une logique amorcée depuis 2011, année où le Cameroun a intensifié son recours aux titres publics.
« Il est encourageant de constater que, depuis notre première émission sur ce marché en 2011, le Cameroun a toujours honoré ses engagements financiers sans aucun défaut », a déclaré le ministre des Finances au micro de nos confrères d’émergence, rassurant ainsi les investisseurs quant à la fiabilité du pays en tant qu’émetteur
Toutefois, cette trajectoire soulève des questions sur la capacité du Cameroun à contenir son niveau d’endettement à long terme, dans un environnement marqué par une pression accrue sur les finances publiques. La nécessité de diversifier les sources de financement et d’optimiser la gestion de la dette publique apparaît plus que jamais comme un enjeu crucial pour les années à venir.
