À huit mois de l’élection présidentielle de 2025, la scène politique camerounaise s’anime déjà. Ce week-end à Limbé lors d’une assemblée générale , les chefs traditionnels de la région du Sud-Ouest ont pris une position sans équivoque : ils appellent Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, à briguer un nouveau mandat.
Une déclaration qui s’inscrit dans une dynamique de soutien au chef de l’État, mais qui soulève aussi de nombreuses interrogations sur l’avenir politique du Cameroun.
Un soutien affiché et assumé
Réunis en assemblée générale dans la ville de Buea, les dignitaires traditionnels du Sud-Ouest ont solennellement demandé au président Biya, 91 ans, de « poursuivre son œuvre à la tête du Cameroun ». Dans un communiqué officiel, ils saluent la stabilité que le chef de l’État a, selon eux, su préserver malgré les tensions sociopolitiques qui secouent la région anglophone depuis 2016.
« Le président Paul Biya est un symbole de continuité et de paix. Nous lui demandons humblement mais fermement de répondre à l’appel du peuple et de se porter candidat en 2025 », a déclaré Sa Majesté Ekoka Molindo, l’un des notables présents à la réunion.
Un appel dans un contexte tendu
Cette déclaration intervient alors que le Cameroun fait face à des défis politiques et sécuritaires majeurs. La crise anglophone, marquée par des affrontements entre groupes séparatistes et forces gouvernementales, continue de peser lourdement sur les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Dans ce contexte, certains observateurs estiment que cet appel des chefs traditionnels vise à montrer que, malgré les tensions, une partie de la population anglophone reste fidèle au régime en place.
Toutefois, cet appel suscite aussi des réactions contrastées. Pour l’opposition et certains acteurs de la société civile, il illustre la perpétuation d’un pouvoir longtemps critiqué pour son immobilisme et sa gestion autoritaire. « Il est temps que le Cameroun tourne la page et ouvre un nouveau chapitre de son histoire », déclare un analyste politique sous couvert d’anonymat.
Un signal politique fort
Si Paul Biya n’a pas encore officiellement annoncé sa candidature, cet appel des chefs traditionnels du Sud-Ouest pourrait être interprété comme un signal en faveur d’une nouvelle campagne. Depuis plusieurs mois, des figures influentes du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), le parti au pouvoir, multiplient les messages de soutien au chef de l’État, laissant peu de doute sur une possible nouvelle candidature.
À 91 ans et après plus de quatre décennies au pouvoir, Paul Biya pourrait donc à nouveau briguer la magistrature suprême.