Alors que le Cameroun pleure la mort atroce de trois chercheurs assassinés dans la localité de Souledé-roua, une polémique inattendue a éclaté autour des propos de la Ministre de la Recherche Scientifique et de l’Innovation, Dr Madeleine TCHUINTE. Accusée à tort de stigmatiser les ressortissants du Grand Nord, la Ministre se retrouve au cœur d’une tempête médiatique alimentée par des manipulations et des interprétations malveillantes de son discours prononcé lors de la Journée Internationale de la Femme, le 8 mars 2025.
Un Crime Odieux et une Réaction Émue
Le 8 mars dernier, lors d’une cérémonie marquant la Journée Internationale de la Femme, la Ministre TCHUINTE a exprimé son indignation face au lynchage brutal de trois chercheurs dans la région de l’Extrême-Nord. Les victimes, M. MOUNSI Frédéric, chercheur au Centre de Recherches Géologiques et Minières (CRGM) de Garoua, Dr. BELLO Bienvenue, enseignant vacataire de Géologie Structurale, et M. OUMAROU KABALAY, guide et transporteur, ont été sauvagement assassinés par une foule en furie alors qu’ils menaient une mission visant à résoudre les problèmes d’accès à l’eau potable dans les Monts Mandara.
« Madame le Ministre a été profondément indignée et choquée par la violence et la cruauté du supplice qui a été infligé aux victimes » , indique le communiqué.
La diffusion sur les réseaux sociaux des images de ce crime odieux a amplifié l’émotion nationale, poussant la Ministre à condamner fermement cet acte de barbarie.
Manipulations et Désinformation : Une Polémique Injustifiée
Cependant, quelques jours après son discours, des voix se sont élevées pour accuser la Ministre d’avoir stigmatisé les ressortissants du Grand Nord. Des personnalités comme Valsero et le Dr Aristide MONO ont diffusé des extraits tronqués de son intervention, insinuant que ses propos visaient spécifiquement les populations du Nord. Une accusation que le MINRESI qualifie de « manœuvre de désinformation et d’intoxication ».
« Ceux qui accusent Madame le Ministre d’avoir stigmatisé les « nordistes » se livrent à une affabulation qui se situe aux antipodes de la réalité des faits», peut on lire dans le communiqué . En effet, la Ministre a clairement condamné l’ensemble de la société camerounaise pour la montée de la violence, des discours haineux et de la justice populaire, sans cibler une région ou une ethnie en particulier.
Une Défense des Compétences et des Mérites
Dans son discours, la Ministre a également souligné que de nombreux hauts cadres originaires du Grand Nord occupent des postes de responsabilité au sein du MINRESI et de ses instituts affiliés, en raison de leurs compétences. Elle a cité notamment Dr. Jean Marcel, Inspecteur Général, Dr. WOIN Noé, Directeur Général de l’IRAD, et Dr. MAOHAMMADOU MANSOUROU, Directeur des Affaires Générales du MINRESI, parmi d’autres.
« Rien ne justifie une telle aversion», a-t-elle déclaré, en référence aux rumeurs selon lesquelles certains ressortissants du Nord seraient jaloux de leurs frères et sœurs occupant des postes de prestige. « C’est en raison de leurs mérites que la plupart de ces cadres ont été nommés à leurs postes de responsabilité respectifs », a-t-elle ajouté.
Une Réflexion Profonde sur la Société Camerounaise
Face à la montée de la violence et de la haine, la Ministre a demandé au Centre National d’Education (CNE) de mener des études approfondies pour comprendre les racines de ces maux. « La révolte doit même venir d’ici, quand je dis la révolte, ce n’est pas aller marcher. On doit s’asseoir pour réfléchir, c’est nous les ingénieurs conseils de l’Etat», a-t-elle déclaré. Elle a également appelé à une réflexion collective pour « psychanalyser la société camerounaise » et trouver des solutions durables.
Des Excuses et une Mise au Point Nécessaire
Malgré les accusations infondées, la Ministre a présenté ses excuses à tous ceux qui auraient pu se sentir heurtés par la manipulation de ses propos. Elle a également exprimé ses condoléances aux familles des victimes, tout en réaffirmant son engagement à lutter contre la désinformation et la violence.
« Madame le Ministre se réserve le droit d’ester devant les juridictions compétentes, tous ceux qui l’auront outragée, ou porté atteinte à son honorabilité», a conclu le communiqué.
Alors que le Cameroun traverse une période de tensions sociales et politiques, cette affaire rappelle l’importance de la vérité et de la responsabilité dans le débat public. La Ministre TCHUINTE, loin d’être une figure de division, se positionne en défenseure de la justice et de l’unité nationale, appelant à un sursaut collectif face à la barbarie et à la désinformation.