Le Mali entre dans une nouvelle ère politique. Ce mardi, à l’issue d’un Conseil des ministres extraordinaire, un décret présidentiel a acté la dissolution de l’ensemble des partis politiques et organisations à caractère politique sur tout le territoire national.
La décision, annoncée sur la chaîne nationale ORTM par le ministre délégué Mamani Nassiré, provoque stupeur et vives inquiétudes dans le paysage politique malien.
Selon le gouvernement de transition, cette mesure s’inscrit dans une volonté de « refondation profonde » du cadre juridique de la vie politique. Mamani Nassiré précise que le texte vise à assainir le fonctionnement des partis et à poser les bases d’un système plus strict, notamment en matière de création, de fonctionnement et de financement des formations politiques. En attendant une nouvelle loi à cet effet, toute activité partisane est désormais formellement interdite, sous peine de sanctions.
Cette décision historique implique que les responsables politiques actuellement en fonction peuvent conserver leurs postes, mais ne pourront plus se prévaloir de leur appartenance à un parti quelconque. C’est un tournant inédit dans l’histoire politique contemporaine du Mali. Un virage autoritaire dénoncé par l’oppositionSans surprise, la classe politique non alignée réagit avec colère et inquiétude.
Plusieurs figures de l’opposition voient dans cette décision un durcissement du régime de transition dirigé par le colonel Assimi Goïta, au pouvoir depuis le coup d’État de 2020. Pour certains, c’est « une dictature assumée » qui se met en place, dans un climat où les arrestations arbitraires, les pressions et les silences forcés deviennent monnaie courante.
Depuis sa prise de pouvoir, Assimi Goïta s’est progressivement affranchi des engagements initiaux de transition. Désormais détenteur d’un mandat de cinq ans renouvelable, il gouverne sans avoir organisé la moindre élection présidentielle.
La dissolution générale des partis politiques marque un point de rupture avec les principes démocratiques, selon de nombreux observateurs.La société civile, pour l’heure prudente, observe cette évolution avec un mélange de résignation et de crainte.
Tandis que la communauté internationale reste silencieuse, une question centrale demeure : jusqu’où ira la refondation, et à quel prix pour la démocratie malienne ?