17 janvier 2023-17 janvier 2025, cela fait deux ans jour pour jour que Journaliste Martinez Zogo a été brutalement assassiné.
Ce 17 janvier 2023, alors qu’il rentrait chez lui à Yaoundé, il a été enlevé dans des circonstances troublantes avant d’être retrouvé mort cinq jours plus tard, son corps portant les stigmates d’actes de barbarie. Aujourd’hui, l’ombre de son absence plane encore sur le paysage médiatique camerounais, tandis que son dossier judiciaire peine à avancer.
Une procédure judiciaire enlisée
Dix mois après le début du procès devant le tribunal militaire de Yaoundé, les audiences piétinent, engluées dans des débats de procédure. Dix-sept accusés, parmi lesquels Léopold Maxime Eko Eko, ancien chef du contre-espionnage, l’homme d’affaires Jean-Pierre Amougou Belinga, et des agents de la DGRE, dont le lieutenant-colonel Justin Danwe, sont actuellement derrière les barreaux. Pendant ce temps, la dépouille du journaliste reste sous scellés judiciaires à la morgue de l’hôpital central de Yaoundé, symbolisant une justice qui peine à rendre son verdict.
Un parcours atypique
Né le 29 septembre 1972 sous le nom d’Arsène Salomon Mbani Zogo à Etam Kouma, dans la Lékié, Martinez Zogo a grandi à Yaoundé, où il a nourri une passion précoce pour le football. Une blessure met fin à ses ambitions sportives, le poussant à explorer d’autres horizons. Tour à tour danseur, maître de cérémonie, puis animateur radio autodidacte, il forge son pseudonyme et s’impose dans le paysage médiatique camerounais.
Sa carrière prend son envol à la Radio Siantou (RTS) avant de rejoindre Magic FM en 2006, où il lance Embouteillage, une émission controversée qui dévoile les dessous des scandales financiers. Après un passage à Royal FM, il revient à Amplitude FM, où il devient chef de chaîne et continue à animer son émission phare jusqu’à sa mort tragique.
Une voix réduite au silence
Martinez Zogo s’est souvent attiré les foudres des autorités et des personnalités influentes en dénonçant les abus de pouvoir et les détournements de fonds publics. Son style direct et incisif lui vaut plusieurs suspensions par le Conseil national de la communication (CNC), mais renforce également son image d’animateur engagé et téméraire.
Sa disparition, survenue dans un contexte où Embouteillage s’attaquait à de lourds scandales financiers, suscite de nombreuses interrogations. Des témoignages évoquent des actes de sabotage et des menaces visant son entourage avant son enlèvement. Retrouvé nu et mutilé dans un champ à Ebogo, à 15 km de Yaoundé, son corps témoigne de la cruauté des circonstances de sa mort.
Une mémoire vivante
Alors que l’opinion publique continue de réclamer justice, la figure de Martinez Zogo reste emblématique de la liberté de la presse au Cameroun. Sa mort soulève des questions cruciales sur la protection des journalistes et sur le poids de l’impunité dans les crimes contre les voix dissidentes.
Deux ans après ce drame, son combat pour la vérité demeure une source d’inspiration. Mais le silence autour de son dossier judiciaire laisse un goût amer : celui d’un système incapable, ou peut-être réticent, à rendre justice à une figure qui s’est battue pour dénoncer les travers de la société camerounaise.