L’horizon économique mondial s’assombrit sous l’effet des droits de douane américains accrus. Au cœur de cette tempête, Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de développement (BAD), lance un vibrant avertissement : ces mesures pourraient déstabiliser l’Afrique et redessiner les alliances mondiales.
L’Impact sur le Continent
Lors d’une interview sur CNN, M. Adesina a détaillé les conséquences. En effet, 47 des 54 pays africains seraient directement impactés, risquant une chute des recettes d’exportation et des réserves de change. Il prédit alors une inflation galopante et un alourdissement de la dette extérieure.
Cette pression, déjà palpable avec les hausses de droits de douane de l’administration Trump, frappe particulièrement le Lesotho, Madagascar, Maurice, le Botswana, l’Angola, l’Algérie, et l’Afrique du Sud. De plus, les coupes dans les programmes de l’USAID ajoutent une couche d’incertitude sur les relations afro-américaines.
Stratégie Africaine
Malgré ces vents contraires, M. Adesina prône la prudence. L’Afrique, qui ne représente qu’une infime part du commerce mondial avec les États-Unis (1,2%), ne peut se permettre une confrontation. Sa proposition inclut trois piliers : des négociations souples avec Washington, la diversification des marchés, et l’accélération de la ZLECAf.
Le président de la BAD insiste sur l’urgence d’élargir le marché intérieur africain et de stimuler l’épargne. Il exhorte aussi le continent à capitaliser sur l’attrait croissant pour ses ressources naturelles (cobalt, lithium) afin de négocier de meilleurs accords.
Quant à un virage vers la Chine, M. Adesina rejette tout alignement binaire : « Les États-Unis sont un allié clé de l’Afrique, tout comme la Chine. L’Afrique construit des ponts, elle ne s’isole pas. » Il réaffirme la quête de partenariats équilibrés et transparents.
L’Autonomie Africaine
Alors qu’il approche de la fin de son second mandat, M. Adesina rejette catégoriquement le modèle traditionnel de l’aide. « L’époque de l’aide telle que nous l’avons connue est révolue », assène-t-il, appelant à des investissements audacieux dans les ressources nationales, les infrastructures, et l’industrialisation. Il plaide ainsi pour une transformation de l’aide en financement concessionnel.
Malgré un PIB modeste face à sa démographie, l’Afrique affiche une croissance résiliente et transformative. Elle abrite d’ailleurs dix des vingt économies les plus dynamiques du globe. M. Adesina met en lumière les « High 5 » de la BAD et le « Mission 300 » (électrification de 300 millions de personnes d’ici 2030). « Sans électricité, on ne peut s’industrialiser, ni être compétitif. »
L’Africa Investment Forum (AIF), lancé en 2018, a déjà attiré plus de 225 milliards de dollars d’intérêts d’investissement. Cela consolide la position de l’Afrique comme la première destination pour les projets entièrement nouveaux et le « rêve des investisseurs ». M. Adesina conclut sur l’immense potentiel du continent : ses ressources, sa jeunesse, et surtout, 65% des terres arables mondiales restantes. L’avenir alimentaire planétaire, par conséquent, dépendra de l’Afrique.
Avec APO