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Exploitation de l’uranium à Poli: une richesse qui ne profite guère aux populations

 Exploitation de l’uranium à Poli: une richesse qui ne profite guère aux populations

Depuis plus d’une vingtaine d’années, des entreprises étrangères et le Cameroun exploitent l’uranium dans le département du Faro, région du nord. Sous une autorisation floue et des retombées économiques positives non-visible, la santé des populations est menacée.

Tandis que la demande mondiale en énergie nucléaire grimpe, les réserves d’uranium du Cameroun ne sont pas un atout pour la population de Poli, au contraire, elles ne font qu’empirer les aux problèmes qui pèsent sur le département.

En fait, afin d’atteindre son objectif d’émergence à l’horizon 2035, le Cameroun, pays à fort potentiel minier, a inscrit l’exploitation de l’uranium dans sa feuille de route. Bien que ce minerai soit très convoité pour le traitement du cancer, production de l’énergie, armes nucléaires, etc. Il est davantage néfaste pour ses caractéristiques radioactives, chimiques et toxiques et ses méfaits sur les plans économique, social, sanitaire et environnemental à travers l’histoire.

Il faut dire que les prix des contrats à long terme qui constituent l’essentiel des transactions, l’uranium étant acheté à l’avance pour garantir le bon fonctionnement des centrales, varie entre 51,50 et 51, 750 dollars la livre. Sur le marché mondial, les prix spots, pour une livraison immédiate, sont en baisse. Des prix qui ne sont pas pris en compte dans cette partie du pays ou ce minerai est soustrait sans gestion précise entrant dans les caisses de l’État Camerounais.

Impact sur la santé humaine

Selon les organisations locales et internationales, l’exploitation de l’uranium par des sociétés principalement étrangères a des conséquences néfastes sur l’environnement et la santé des populations dans cette zone du pays.

« La plupart des familles ici sont stériles ou peuvent fertile. Les effets des radiations impactent négativement la fécondation. Dans le département, la plupart des foyers monogamiques qui ont toujours vécu aux environs ont au maximum 3 enfants. Selon les derniers recensements de la population menée dans cette localité, il existe plus d’étrangers ayant d’enfants que d’autochtones ayant à peine 2 par famille ” indique Abdou Amadou, ex-agent communautaire. “Nous ne savons exactement comment cette exploitation apporte des bénéfices. Nous n’avons jamais eu état des intérêts que noter le département gagne. Nous ne voyons que des engins, des blancs entrer et sortir dans le département. Peut-être nos mairies perçoivent quelque chose, mais nous n’avons pas connaissance. Franchement, du fait de cette richesse, on pouvait au moins bénéficier de la route bitumée, mais non », affirme un habitant de la ville de Poli. « Avant, notre département regorgeait d’importantes richesses animales, mais hélas, aujourd’hui les bruits qu’occasionnent les exploitants de l’uranium les a chassé.Nous avons besoin d’un minimum d’entretien de nos routes, écoles et hôpitaux, car ce minerai est très important pour de nombreuses puissances », déclare Madeleine Di, économiste et expert en question de décentralisation.

En effet, l’exploitation de l’uranium produit beaucoup de déchets qui ont une durée de vie longue (jusqu’à 75 000 ans) et sont dangereux pour l’Homme et son environnement à long terme. Ceci affecte les bénéfices attendus par l’État et les entreprises.

 Le Faro est considéré comme l’unité administrative la plus pauvre l’une des plus enclavées de la région du Nord. Peu peuplé et dépourvu de toute commodités infrastructurelles, ce département, du fait des obstacles naturels n’arrive pas à décoller. Mais voilà que sous ces montages qui font de cette unité un cul-de-sac sont cachées d’importants gisements d’uranium et d’autres minerais qui ne profite pas à la population.

Rappelons , que la Constitution du Cameroun consacre l’ensemble des libertés et droits fondamentaux inscrits dans les instruments internationaux qui ont été ratifiés. Plusieurs de ces droits se retrouvent d’ailleurs matérialisés à travers les textes nationaux comme la loi-cadre sur la gestion de l’environnement de 1996. Selon ladite loi, les institutions publiques et privées doivent : sensibiliser et informer les populations sur les activités nocives à l’Homme et son environnement, ainsi que sur les mesures prises pour y remédier. Pourtant, vivant dans un endroit où la radioactivité est 19 fois supérieure à la normale, un des riverains interviewé a déclaré que ce n’est absolument pas dangereux ; et assurer la participation des groupes concernés à la prise de décisions concernant l’environnement. Ce qui jusqu’ici n’a pas été fait avec les riverains, premiers concernés.

Coût environnemental

Le processus d’attribution du permis d’exploration a été effectué à la légère et a failli produire un incident diplomatique entre le Cameroun et le Tchad. En effet, Mega Uranium Corporation Cameroon PLC a obtenu un permis d’exploration et effectué sa prospection à Teubang, ville sujette à des différends en raison de l’inexistence de limites concrètes. Bien que ces activités y soient aujourd’hui interrompues, la visite du site effectuée par le Service National Justice et Paix (SNJP) a permis de constater qu’il existe toujours un grand nombre de Tchadiens sur cette terre. Les protestations et revendications tchadiennes et camerounaises de l’époque sur cet espace ont fait cesser les activités de la société canadienne, permettant à la société tchadienne Chad Mining Services d’étendre ses activités à Teubang depuis 2009.

De plus, le Parc National du Faro se retrouve dans le permis de Méga Uranium à Poli. Ce qui traduit une contradiction flagrante dans les initiatives de l’État. Les engins utilisés au cours de l’exploration ont entraîné une nuisance sonore, qui a perturbé le comportement des animaux dans la zone d’intérêt cynégétique à gestion communautaire de Voko-Bantadjé, zone tampon entre les communautés et le Parc. La visite du Parc a permis de constater que les animaux sont victimes d’accidents : ils tombent notamment dans les tranchées et excavations abandonnées par l’entreprise après son passage.

Avec une telle exploitation, on s’attend à une : pollution de l’eau et assèchement de la nappe phréatique, avancée du désert qui continue d’engloutir les rares terres fertiles, et pollution radioactive ambiante dans la localité, avec des taux de radiation environ 500 fois supérieures à la normale. Au niveau de la santé, l’irradiation des voies respiratoires entraînerait des maladies tel le cancer du poumon, l’hypertension pulmonaire et autres troubles du système respiratoire, ainsi qu’une augmentation du taux de mortalité.

Retombées sociales

Aucun ressortissant de Poli n’occupe un poste de cadre dans le secteur minier pouvant favoriser la gestion de l’exploitation de l’uranium. D’autre part, en plus de l’afflux des personnes en quête d’emploi dans la région, le coût de la vie a fortement été affecté, caractérisé par une augmentation de la pression sur les ressources, faisant le malheur des personnes les moins nanties de la société contre le bonheur des commerçants surenchérisseurs.

Au regard de l’expérience des autres pays, l’État camerounais devrait revoir sa décision d’extraire l’uranium pour éviter que la pauvreté ambiante ne devienne le seul héritage du Cameroun, surtout dans le département du Faro, région du Nord déjà connue comme l’une des régions pauvre du pays.

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