La restitution des travaux sur la grève des hommes en robes noires du 5 au 7 mars dernier, s’est tenue ce mardi 27 mai 2025 à Douala en présence du représentant du bâtonnier et de plusieurs avocats.
L’article 74(1) du règlement intérieur du barreau précise : « Auxiliaire de justice et acteur essentiel de la pratique universelle du droit, l’avocat a vocation à intervenir à titre professionnel dans tous les domaines de la vie civile, économique et sociale, et dans le respect des principes essentiels régissant la profession ». Tel est le principe qui encadre la profession d’avocat au Cameroun. En effet, la grève des avocats au barreau du Cameroun qui s’est déroulée du 05 au 07 mars 2025 a rencontré l’adhésion de ces derniers, la compréhension des magistrats des tribunaux et des cours et la bienveillance des clients. Le mécontentement des avocats s’est manifesté dans l’ensemble.
Bilan de la Grève des Avocats
Toutefois, aucune initiative officielle des avocats auprès des pouvoirs publics, ou de réaction officielle des pouvoirs publics vers les avocats, n’a été signalée durant cette période de grève, et l’efficacité de cette grève en termes de résultats probants et d’atteinte de tous les objectifs recherchés n’est pas avérée.
Dès lors, les avocats assurent le service public de la défense, garantissent l’effectivité des libertés et des droits fondamentaux, l’égalité des armes et l’équilibre des droits. La protection de leur intégrité physique exige la mise en place et l’exécution dans les meilleurs délais possibles, d’un plan d’action à court, moyen et long terme. Il s’agira de ramener la sérénité dans leurs rapports avec les forces de maintien de l’ordre et, par la suite, de pérenniser l’office de l’avocat dans la bonne administration de la justice au Cameroun.
Pour rappel du contexte et de l’objet de la grève, le 03 mars 2025, le Bâtonnier de l’ordre des avocats au barreau du Cameroun a publié un communiqué du conseil de l’ordre informant les avocats et le grand public de la décision : d’engager les poursuites judiciaires contre les agents des forces de maintien de l’ordre auteurs de violences contre les avocats ; de suspendre le port de la robe et interdire la fréquentation des tribunaux pendant trois jours du 05 au 07 mars 2025, sur l’ensemble du territoire national.
Il faut noter que le collectif « Barreau de demain », constitué depuis plus de trois ans, et qui travaille sur diverses initiatives et actions en relation avec l’amélioration de l’exercice professionnel des avocats, a décidé de faire le bilan de cette grève et de proposer des solutions de sortie de crise pour ces derniers. C’est ainsi que le collectif « Barreau de demain » a, tout d’abord, publié et diffusé auprès des confrères, en français et en anglais, dès le 3 mars 2025, un vade-mecum de l’avocat en grève. Il s’agissait d’un ensemble d’attitudes à adopter et à respecter durant cette période de grève, ainsi que des éléments de langage à présenter aux clients et autres interlocuteurs d’avocat. Ensuite, le collectif « Barreau de demain » a instauré une permanence aux fins d’assister les avocats ayant besoin de conseils ou de soutien durant cette période de grève. Enfin, le collectif « Barreau de demain » a proposé aux avocats de remonter des informations sur l’exécution de cette grève, leur ressenti et celui de leurs différents interlocuteurs.
C’est ainsi qu’à la question de savoir ce qu’on retient, Maître Serge Bakoa, Docteur en droit, Avocat aux Barreaux de Paris et du Cameroun, ancien membre du conseil de l’ordre des avocats de Paris déclare : « Ce qu’on retient, c’est que dans un contexte où de grands défis pour notre pays, de grands défis économiques, de grands défis sociaux, sociologiques, le rôle de l’avocat est moteur pour notre émergence et pour cela, nos autorités et les avocats doivent se mettre autour d’une table pour décider ensemble, en co-construction, de construire ce pays ». Il ajoute « qu’en moyen terme, nous avons de grandes réformes qui sont en cours, notamment la réforme de la loi organique de 1990 qui est aujourd’hui en avant-projet à l’Assemblée nationale. C’est ainsi l’occasion pour nous de poser nos différents sujets ».
Recommandations et perspectives
Cependant, le barreau a formulé des recommandations à court, moyen et long terme, comme par exemple un dialogue permanent, des réformes législatives et la relecture et réécriture du code pénal et du code de procédure pénale, Sans oublier les états généraux de la justice, ceci dans le but d’améliorer la qualité de la justice au Cameroun.