Le mécontentement grandit au sein de la communauté académique camerounaise. Le Collectif des Docteurs/Ph.D Chômeurs Indignés du Cameroun (CDPCIC) a annoncé l’organisation d’une marche pacifique le jeudi 20 février 2025, pour protester contre les résultats de la deuxième phase du recrutement spécial des enseignants dans les universités publiques de Bertoua, Ebolowa et Garoua.
Dans une déclaration officielle adressée au préfet, le collectif dénonce de graves irrégularités dans le processus de sélection, qu’il qualifie de biaisé et injuste. Il pointe notamment du doigt l’inadéquation entre certains profils retenus et les exigences des postes, des cas de favoritisme, ainsi que le recrutement de fonctionnaires déjà en poste au détriment de docteurs sans emploi.
Un recrutement controversé
« Comment expliquer que des fonctionnaires bénéficiant déjà d’un emploi aient été sélectionnés alors que de nombreux docteurs qualifiés restent sur le carreau ? », s’interroge le collectif. Selon lui, plusieurs candidats recrutés viennent tout juste de soutenir leur thèse, tandis que des docteurs expérimentés, présents dans le circuit universitaire depuis des années, ont été écartés.
Le collectif déplore également la disparition inexpliquée de certains postes initialement annoncés dans certaines filières, malgré la présence de candidats compétents. Ces incohérences nourrissent les soupçons de pratiques opaques et compromettent, selon eux, la transparence du processus.
Une marche pour exiger justice
Face à cette situation, le collectif a décidé de passer à l’action. En conformité avec la loi n° 90/055 du 19 décembre 1990 sur les manifestations publiques, les organisateurs ont déclaré leur marche sept jours à l’avance. Le cortège débutera au rond-point Cantel pour se diriger vers la Primature, en passant par le Boulevard du 20 Mai.
Insistant sur le caractère pacifique et citoyen de leur initiative, les organisateurs appellent les autorités à examiner sérieusement leurs revendications. Plus de 80 docteurs ont signé la déclaration officielle, parmi lesquels des figures telles que le Dr Ebanda Songue, le Dr Wete Eric et le Dr Chuo Walters Ayeah. Une copie de la déclaration a été envoyée aux plus hautes autorités du pays, notamment au Chef de l’État, au Premier ministre, au Ministre de l’Enseignement Supérieur (MINESUP), ainsi qu’aux gouverneurs et à la presse.
Un malaise persistant dans l’enseignement supérieur
Cette contestation s’inscrit dans un contexte plus large de tensions autour des recrutements dans la fonction publique camerounaise. La pénurie de postes pour les docteurs, associée à des pratiques de sélection jugées opaques, alimente la frustration au sein des diplômés de haut niveau.
À quelques jours de la mobilisation, la question reste en suspens : les autorités répondront-elles aux revendications du collectif, ou cette marche marquera-t-elle le début d’un mouvement plus large pour une réforme du recrutement universitaire ?
Une chose est sûre : la voix des docteurs sans emploi ne compte plus se faire oublier.