Le dîner de lancement officiel des activités de l’association Royal Woman a eu lieu le jeudi 17 avril 2025 à l’hôtel Vallée des Princes de Bessengue dans l’arrondissement de Douala 1er.
Au Cameroun, une fille sur trois est enceinte avant l’âge de 18 ans. Ce phénomène s’explique par des facteurs multiples ; il s’agit en effet de blocages culturels, de la sous-scolarisation surtout des jeunes filles et du manque d’information. À cela s’ajoutent les obstacles d’ordre structurel comme l’insuffisance des services de planification familiale. Pour renverser la tendance et dans le but de sensibiliser les jeunes filles aux risques qu’elles encourent, l’association Royal Woman a décidé de ne pas rester indifférente.
C’est ainsi qu’elle a décidé d’organiser un dîner avec la presse et autres acteurs de la société civile pour mieux comprendre les raisons de ce phénomène et y apporter des solutions. « Nous avons une très grande vision et pour élargir la vision, il faut organiser des événements officiels où nous pourrons faire passer le message pour que cela ait un écho raisonnable afin que les femmes bénéficient de tous les services de Royal Woman », a déclaré la présidente de l’association.
Les grossesses précoces : un problème de santé publique majeur
En effet, une circulaire de la ministre des Enseignements secondaires oblige les chefs d’établissements à permettre aux élèves filles enceintes de poursuivre les cours en classe. À titre de rappel, cette circulaire du MINESEC provient de l’évaluation de la mise en œuvre de la déclaration du programme d’action de Beijing (2019-2024).
Dans cette évaluation, le rapport du Cameroun fait état de l’éradication de la violence, de la stigmatisation et des stéréotypes. Dans toutes les institutions scolaires, les grossesses précoces apparaissent comme une préoccupation majeure. Cette situation constitue un grave problème de santé publique, surtout au Cameroun.
D’après les résultats de la cinquième enquête démographique et de santé réalisée du 16 juin 2018 au 19 janvier 2019, celle-ci révèle que la prévalence des grossesses chez les adolescents est de 24%, dont 5% sont enceintes de leur premier enfant et 19% ont eu au moins un enfant. Ce phénomène est plus élevé en milieu rural qu’en milieu urbain (32% contre 17%).
Une solution pour l’avenir
Pour Clarence Yongo, journaliste et fondatrice du journal le Griots, « il y a de plus en plus de filles enceintes depuis que la circulaire a été publiée car il y a de plus en plus d’élèves filles et garçons qui savent qu’ils seront admis à continuer les cours ».
Elle poursuit en disant : « La problématique, ce n’est pas forcément l’exclusion de la jeune fille ou de l’auteur de la grossesse, mais c’est l’encadrement de ses enfants qui continuent d’aller à l’école, mais qui sont exposés soit aux moqueries de leurs camarades et cela peut entraîner l’effet inverse de ce que madame la ministre aurait souhaité », déclare-t-elle.
Ainsi, l’article 26 de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 garantit l’accès universel à l’éducation. Il stipule que : « Toute personne a droit à l’éducation. L’éducation doit être gratuite, tout au moins en ce qui concerne l’enseignement élémentaire et fondamental. L’enseignement élémentaire est obligatoire ».
De plus, la Convention relative aux droits de l’enfant réitère l’importance de l’égalité des chances dans l’accès à l’instruction dans son article 28.
Cependant, les grossesses non désirées qui interviennent durant le parcours scolaire font obstacle à cet accès par des interruptions diverses. Par conséquent, il est essentiel que des solutions soient émises et mises en œuvre par les acteurs de la communauté éducative. Dans ce cadre, il convient d’amorcer et de mettre en œuvre l’intégration de l’éducation sexuelle complète dans les programmes scolaires.
Georges potain likeng