Il y a trente-cinq ans, dans la douleur d’Up Station à Bamenda, naissait le Social Democratic Front (SDF), un parti qui allait marquer l’histoire camerounaise. Ce « parti de la balance » a depuis traversé des époques tumultueuses et des moments de lumière, inscrivant ses actions au cœur de la démocratie.
Il y a trente-cinq ans, le 26 mai 1990, naissait à Up Station, Bamenda, le Social Democratic Front (SDF). Un acte fondateur, bien que douloureux, marqué par le sacrifice de vies humaines, posant ainsi les bases d’un combat politique qui allait profondément marquer la démocratie camerounaise. « Nous croyons que ce sang n’a pas été versé pour rien, au regard du parcours du SDF de 1990 à ce jour. D’abord pour la première fois, le SDF gagne les élections haut la main et les choses sont inversées, » témoigne Paul Payere, conseiller juridique du SDF.
Une Force Catalytique pour la Démocratie
Au fil de ces trente-cinq années, le parti de la balance a connu des périodes de rayonnement comme des moments d’épreuves. Ce parcours, jalonné de grandes étapes, a indéniablement laissé une empreinte significative sur le paysage politique. Louison Essomba, politologue, le confirme : « Si notre démocratie s’est consolidée, si les organes en charge du processus électoral ont muté – ONEL 1, ONEL 2- jusqu’à ce que nous soyons aujourd’hui à Elecam, il faut savoir gré du travail qui a été abattu dans le SDF. » Le SDF a été un moteur essentiel dans l’évolution du débat politique et dans la défense des libertés au Cameroun.
Défis Internes et Quête d’Équilibre
Malgré son influence historique, le SDF n’a pas été épargné par les affres du temps. Des décisions parfois controversées, un abandon perçu de son radicalisme initial au profit de conformismes, ont engendré des fissures internes. « J’ai l’habitude de dire que le SDF est un laboratoire politique. Beaucoup de gens y passent et vont ailleurs créer. Nous ne sommes pas jaloux mais il y a ceux qui restent comme nous autres, » confie Paul Payere. Louison Essomba exprime une certaine amertume : « Les dissensions, les tractations qui ont cours dans ce parti nous plongent dans le regret. Quand on voit beaucoup de militants du SDF qui vont dans d’autres partis politiques, on est tenté de penser que le SDF est passé du sacre aux ténèbres. »
Un Bilan Électoral en Demi-Teinte
Les dernières consultations électorales ont, par ailleurs, montré un affaiblissement de l’influence du SDF sur l’échiquier national. Lors des trois dernières élections présidentielles, les scores du parti de la balance ont marqué une tendance à la baisse. En 2011 : Le SDF, représenté par John Fru Ndi, a obtenu 10,71% des voix. En 2018 : Johua Osih a recueilli 2,3 % des voix.
Un bilan électoral récent pose des questions sur la stratégie future du parti, alors qu’il s’efforce de maintenir son équilibre face aux défis internes et externes.