Le Nil Bleu et le Nil Blanc sortent de leur lit. Au Soudan, les pluies diluviennes ont provoqué des crues soudaines d’une violence inédite, transformant plusieurs localités en champs de désolation. Bilan provisoire : 34 morts, 20 blessés et plus de 1 000 maisons détruites dans le nord du pays. Les populations, surprises en pleine nuit, peinent encore à se relever.

Les inondations ont frappé sans prévenir. Dans l’État du Nil, les habitants racontent avoir été submergés par les eaux en pleine nuit. « Nous dormions, et vers 1h30 du matin, l’eau a envahi les maisons. Impossible de la contenir », confie Ramadan Ali, un rescapé encore sous le choc, sur Africanews.

Plusieurs villages se retrouvent totalement isolés, les routes coupées et les réseaux de communication perturbés. Les secours, limités par le manque de matériel, peinent à atteindre les zones les plus sinistrées.

Infrastructures détruites et communautés déplacées

Les crues ont emporté maisons, ponts, cultures et cheptel. Dans certaines zones rurales, il ne reste que des débris et des silhouettes errantes, cherchant à sauver ce qui peut l’être. Les autorités locales font état d’un déplacement massif de populations, tandis que les écoles et bâtiments publics servent d’abris de fortune.

Les pluies torrentielles qui se poursuivent rendent toute intervention difficile, menaçant de nouvelles localités si les précipitations persistent.

Un drame aggravé par l’urbanisation anarchique

Pour de nombreux habitants, ce désastre aurait pu être évité. « Des constructions ont été autorisées dans des zones inondables », dénonce Abdul Sami Hussein, résident d’Abu Hamad, sur Africanews.

Les experts pointent du doigt l’absence de planification urbaine et la faiblesse du système d’alerte face aux risques climatiques croissants dans la région. Le ministère soudanais de l’Agriculture et de l’Irrigation avait pourtant averti plusieurs États — dont Gezira et Khartoum — d’un risque élevé d’inondations.

Appel à la prudence et urgence humanitaire

Les autorités appellent désormais les populations vivant en bordure du Nil à se déplacer vers des zones plus sûres, alors que la saison des pluies se poursuit jusqu’en novembre.

Les organisations humanitaires, déjà confrontées à une crise politique et économique majeure, redoutent une crise sanitaire liée à la contamination des eaux et à la propagation du paludisme et du choléra.