Une fronde inédite secoue l’élite du football camerounais. Lors d’une réunion de concertation tenue à Yaoundé mercredi dernier, les présidents des clubs de MTN Elite One et MTN Elite Two ont pris des décisions radicales pour la suite du championnat.
En toile de fond, un désaccord profond avec la gestion financière de la Fédération Camerounaise de Football (FECAFOOT), qu’ils accusent de privilégier des intérêts personnels au détriment des clubs.
La mesure la plus spectaculaire annoncée par les 29 présidents de clubs est la décision de ne plus porter de maillots arborant le logo de MTN, sponsor officiel du championnat, ainsi que ceux d’autres partenaires commerciaux tels que Tiof et 1Xbet. Selon ces dirigeants, les fonds générés par ces contrats de sponsoring ne bénéficient pas aux clubs, pourtant véritables acteurs du football national.
Cette mesure prendra effet dès la seconde moitié de la saison. « L’argent des sponsors ne profite qu’au président de la Fédération, au détriment des clubs qui sont les véritables animateurs du spectacle », confie une source proche des discussions. Cette décision marque une rupture historique dans les relations entre les clubs et l’instance faîtière du football camerounais.
Des revendications sur la gestion des subventions et des infrastructures
Outre la question des sponsors, les présidents des clubs dénoncent également la gestion des infrastructures sportives. Ils refusent désormais de payer les frais de location des stades, s’appuyant sur une correspondance du ministre des Sports et de l’Éducation physique en date du 25 janvier 2024. Dans cette note, le gouvernement rappelle que la somme de 350 millions FCFA, allouée à la FECAFOOT, doit notamment couvrir les frais de location des stades, ce qui, selon les clubs, exonère ces derniers de toute charge supplémentaire à ce niveau.
Autre point de tension : le versement de la subvention de l’État destinée au paiement des salaires des joueurs. Les présidents des clubs exigent désormais que cette aide soit octroyée dans son intégralité et sans condition préalable. Ils refusent désormais de fournir des justificatifs avant ou pendant la saison, comme l’exige la FECAFOOT, et ne comptent les produire qu’à la fin de l’exercice sportif.
Une confrontation ouverte avec la FECAFOOT
Ces décisions traduisent une escalade dans les tensions entre les clubs et la Fédération, dirigée par Samuel Eto’o. Ces derniers mois, plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer un manque de transparence dans la gestion des fonds alloués au football professionnel. La fronde actuelle pourrait compliquer le déroulement du championnat et poser un sérieux défi aux instances dirigeantes.
Pour l’instant, la FECAFOOT n’a pas officiellement réagi à ces annonces. Toutefois, ce bras de fer inédit pourrait redéfinir les rapports de force au sein du football camerounais. À l’heure où le championnat national peine déjà à asseoir sa crédibilité, cette crise ajoute une nouvelle couche d’incertitude quant à son avenir.