Tribune : Paul Stéphane menounga «le véritable rôle du FCFA en Afrique»

Cameroun : les crimes oubliés de la France pendant la décolonisation

Durant les mois qui suivent les accords de Bretton Woods, qui consacrent l’hégémonie des États-Unis et la domination du dollar sur l’économie mondiale, le gouvernement français, présidé jusqu’en janvier 1946 par le général de Gaulle, décide de dévaluer le franc, mais en différenciant les aires géographiques. Cette opération aboutit à la création, fin 1945, de deux « francs », à côté du franc métropolitain : le franc des colonies françaises d’Afrique (CFA) et le franc des colonies françaises du Pacifique (CFP). Passé du ministère des Colonies à celui des Finances, René Pleven justifie cette mesure devant l’Assemblée constituante en évoquant la « générosité » et le « désintéressement » d’une métropole qui se refuse à « imposer à ses filles lointaines les conséquences de sa propre pauvreté ». La création du franc CFA marque la fin du « pacte colonial », jure-t-il, car « cette innovation correspond aux soucis des africains, qui s’étaient exprimés à la conférence de Brazzaville. Nous trouvons ces propos particulièrement cyniques puisque, une analyse froide permet de comprendre que la création du franc CFA vise simplement à aider la métropole à reprendre le contrôle de ses colonies africaines et à reconstruire son économie par le truchement de sa surévaluation et sa parité fixe.

*A- La surévaluation du franc CFA : un instrument au service de l’économie française*

La surévaluation du franc CFA, dont la valeur est fixée par le gouvernement français à 1,7 franc métropolitain en 1945, offre un avantage comparatif à la métropole : elle facilite l’écoulement des produits métropolitains dans les colonies et pénalise l’exportation des produits coloniaux sur le marché mondial, ce qui permet de réorienter les flux vers la métropole qui a besoin de matières premières.
En français facile, cela signifie simplement que le rôle du CFA ici est de facilité les exportations des produits français au sein des pays utilisateurs de cette monnaie, tout en pénalisant les exportations des produits de ces derniers sur le marché mondial. La conséquence est donc la réorientation quasi obligatoire de l’écoulement des matières premières vers la France qui, souffre d’un déficit abyssal des matières premières. Le franc CFA est donc un outil qui permet subtilement à la France de continuer à contrôler les ressources stratégiques des pays africains utilisateurs de ladite monnaie un contrôle, qui accentue et pérennise l’extraversion des Etats africains. Quid de la parité fixe ?

*B- La parité fixe : un outil de dépendance*

Quant à la parité fixe, elle arrime les francs coloniaux au franc métropolitain de manière immuable, ce qui empêche les colonies d’ajuster la valeur de leurs monnaies selon leurs besoins : en cas de dévaluation du franc métropolitain, le franc CFA doit suivre, même si cela pénalise les économies qui l’utilisent. Cette dépendance monétaire perdurera après les indépendances. Le cynisme d’un tel système n’échappe pas à certains députés africains, qui dénoncent ce carcan monétaire. Prenant au mot ceux qui affirment sans cesse que la relation métropole-colonies implique des droits et des devoirs, le député du Sénégal Lamine Guèye s’insurge le 21 juin 1949, à l’Assemblée nationale, contre la quantité de « devoirs » imposés aux territoires d’outre-mer. Ces derniers, note-t-il, sont incités « à produire beaucoup, à produire au-delà de leurs besoins propres, à produire au détriment de leurs intérêts les plus immédiats, afin de permettre à la métropole de connaître un sort meilleur et un ravitaillement mieux assuré ». Ces mêmes territoires doivent en outre « vendre leurs produits au-dessous des cours mondiaux » et « acheter au-dessus des cours mondiaux » quand ils auraient avantage à faire autrement. Et il leur est évidemment interdit de « prétendre utiliser les devises provenant de leurs produits ». C’est dans ce même sillage que OSENDE AFANA déclarera qu’ne indépendance sans indépendance monétaire est un fantasme.

En somme, il en ressort que le franc CFA est à la France ce que le sang est pour le corps humain. Une sortie des pays africains signifierait simplement la décadence de ce dernier

La Rédaction

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