Gouvernance au Cameroun : Samuel Kléda appelle les camerounais à la bonne conscience en dénonçant la mal-gouvernance
Dans une lettre pastorale de l’archevêque de Douala, il appelle les prêtres, les religieux, les fidèles laïcs, les autorités publiques et à toutes personnes vivant sur les terres camerounaises de convertir leur cœur et d’être des bon samaritain.
« En effet, notre pays est roué de coups, dépouillé de ses biens, de sa dignité, de son honneur, de ses ressources humaines et naturelles, et comme en agonie, à cause de la mal-gouvernance organisée par ses propres fils et filles. A la source de la majeure partie des maux qui minent le Cameroun aujourd’hui, se trouve la mal-gouvernance avec la banalisation, la légalisation et même l’institutionnalisation de la corruption dans la gestion de la res publica », cite Mgr Samuel Kléda, après avoir introduit sa lettre par le livre de Jean 13 verset 13 à 15. Selon lui, le Cameroun souffre à travers les actes perpétrés par les citoyens camerounais. Cependant, il dénonce les maux qui mine le vécu du pays et qui entraîne le chao au sein des communautés. C’est à travers des paragraphes bien détaillés qu’il s’exprime tout en appelant à la bonne conscience de tous.
Il faut rappeler que, Samuel Kléda, s’est toujours prononcé en tant que bon berger, père, homme de Dieu, fils et citoyen Cameroun sur les questions de la vie de son pays. Du problème Boko Haram, de la crise au Nord-Ouest et Sud-Ouest en passant par le Covid-19. Mgr a toujours proposé des alternatives pour résoudre les problèmes auquel fait face le Cameroun dans son ensemble. Pas étonnant de lui voire parler de la mal-gouvernance à ce moment ou la nation bat d’une aille avec les grèves des enseignants et bien d’autre.
En effet, pour cet homme de Dieu, « la mal-gouvernance et ses corollaires, dans notre pays, proviennent de ce que ce n’est plus l’homme qui est au cœur des préoccupations de nos dirigeants ni l’intérêt général ni le bien être re de tous. L’accent est plutôt mis sur l’individu, le groupe, le clan, l’ethnie, le lobby, ce qui sacrifie la majorité de la population, la poussant ainsi de manière inexorable vers sa paupérisation et la misère. La mal-gouvernance trouble ainsi la vie politique et freine la croissance sociale, économique et même religieuse de notre pays. Elle détruit les acquis, compromet les aspirations légitimes des citoyens, et met en péril la confiance entre le peuple et les gouvernants ». C’est pourquoi, dans la présente Lettre pastorale, il interpelle la conscience des fils et filles du Cameroun sur la mal-gouvernance, à laquelle se rattache de façon viscérale la corruption qui le mène sournoisement à l’asphyxie et à la mort. Par cette exhortation, il voudrait « que chacun prenne ses responsabilités, s’engage, s’implique davantage dans la transformation des mentalités, des comportements et des pratiques pour un Cameroun meilleur ».
Dans les 13 paragraphes que compte sa première grande partie, il détaille et explique les conséquences de la corruption et de la mal-gouvernance aujourd’hui au Cameroun. L’on peut lire à travers ses écrits : les fraudes lors des concours dans les grandes écoles, le favoritisme lorsqu’il s’agit d’employer dans un secteur, l’achat des services dans les administrations publiques, la discrimination au sein des populations et le tribalisme au sein des tributs et ethnies…etc. Au travers de tout ce qui a pu donner d’aussi dur coups au pays de Paul Biya, il interpelle le gouvernement, la jeunesse et la société camerounaise tout entière à « la conversion des cœurs et des mentalités ».
C’est en mentionnant des pistes de sortie de ce gouffre que le clergé, opte pour des solutions telles que : adopter les valeurs, préserver l’institution du mariage et de la famille, protéger les populations, promouvoir la justice et la paix, vivre la réconciliation, lutter contre la pauvreté, prendre soin des pauvres, combattre tous la corruption, tous pour la bonne gestion du bien commun, cesser de voler et restituer les biens volés, former de bons cadres pour la gestion du pays, être des modèles pour les jeunes, créer des emplois…et accomplir son devoir pour le Seigneur. Sur ces mots, Mgr Samuel Kléda œuvre pour des actions pratiques et voudrait ainsi que le gouvernement et le peuple camerounais agissent et soient réceptifs. Que ces paroles ne soient pas que des mots, mais qu’elles soient mises en pratique.
L’on ne peut quitter les pages de cette lettre sans retenir les derniers mots qu’utilise le père : « conversion, engagement et prière. Travailler à construire un Cameroun bien gouverné et bien géré, sans corruption n’est pas une utopie. Si, en effet, nous ne nous accommodons pas de la corruption et de la mal gouvernance et que nous ne fermions pas les yeux sur ces fléaux, nous construirons alors un pays fort, prospère, stable, un véritable havre de paix où il fait bon vivre comme des frères ».
Joël Godjé Mana