Mode : le tissu pagne très prisé au Cameroun
Depuis, près de 10 ans déjà, les populations du pays de Paul Biya, pour se faire de belles tenues, optent pour le tissu pagne
Depuis, près de 10 ans déjà, les populations du pays de Paul Biya, pour se faire de belles tenues, optent pour le tissu pagne.
Robes et costumes de soirée, tenus de cérémonie de mariages traditionnels, civils ou religieux, de ville et plus, la plupart confectionnés en tissu bogolan, Waxi du Nigeria ou tissage d’étoffe du grand Ouest Cameroun, Sosso et abada du septentrion. Ce choix est dû à la vulgarisation du tissu africain par plusieurs stylistes de renommée internationale. « Nous optons pour le pagne dans le but de valoriser la culture africaine et de promouvoir le vivre-ensemble en s’adaptant aux tissus traditionnels de chacune de nos régions », précise David Fanaged, styliste camerounais et créateur de mode.
Longtemps arboré par les populations de l’Afrique de l’Ouest, Australe et le septentrion camerounais, ce précieux rivalise aujourd’hui avec les tissus importés d’ailleurs et les vêtements occidentaux tels que le wax hollandais. « Le tissu africain en général ou celui camerounais en particulier révèlent à travers ses couleurs, dessins et images, la pensée de l’homme africain et la relation des Africains avec ses croyances et sa vision du monde. Chaque tissu africain représente un peuple précis. Alors, il est important de faire des mixages entre nos différents tissus, ceci pour faire du vestimentaire Africain, un concept sans frontière », explique Bourgeois Tankeu, styliste camerounais, responsable de l’Institut B Tankeu.
Arborer pour valoriser
En effet, aujourd’hui, l’on ne puis faire un pas dans les rues de la capitale Yaoundé, ou celle de Douala sans voir au moins une cinquantaine d’individus vêtus de vêtements en pagnes ou en accessoire fait de pagne. « Le pagne met en valeur. Nous avons perdu trop de temps en valorisant la culture des autres, aujourd’hui, il faut revenir aux sources et cela passe par le pagne », affirme David Mballa, jeune styliste camerounais.
Selon les commerçants camerounais, l’industrie du textile nigérian et la Cicam ont favorisé cet élan par la mise sur pied des pagnes aux prix très abordable. La poussé du métier de stylisme modélisme, créateur de mode et couturier a permis aux femmes, jeunes filles de se faire belles à moindre coût. « A la Cicam, le pagne coûte 5 000 Fcfa, parfois moins selon la matière. Lorsque je ne parviens pas à avoir un pagne à Laking par exemple, je me dirige au quartier briqueterie ou je peux avoir un pagne importé du Nigeria à moindre coût. 2500Fcfa, 3 000 Fcfa et plus avec des belles couleurs », Adélaïde Mabamé, étudiante.
Il faut dire, que, le commerce du pagne a pris un bel envol dans le marché camerounais. Les prix qu’offrent les marchands à leurs clientèles, participent à la promotion du tissu africain, au détriment du wax hollandais ou du Vlisco « Cela participe au développement économique du pays et lutte contre le chômage en offrant de petits métiers autour du pagne », explique Wanki François, économiste.
Rendu dans 15 boutiques de pagne de la capitale, Yaoundé, cinq du marché central, 6 du quartier Briqueterie et 4 du marché Mokolo, l’on constate que sur 10 clients, seulement deux ou à peine trois optent pour le pagne hollandais. Une des preuves qui montre que le pagne africain ou Camerounais reste le meilleur choix pour les populations. Cependant, la commercialisation du tissu africain n’a pas encore su battre le pagne hollandais à l’international. Avec un pourcentage de vente d’environ 55 %, le pagne hollandais bat de loin celui du continent noir qui totalise 30 % selon les derniers chiffres du magazine Économie Mondiale.