Guinée-Bissau : « On a voulu tuer le président », affirme Umaro Sissoco Embaló
Le chef de l’État a assuré, mardi soir, que la situation était désormais sous contrôle, mais le déroulé précis des événements demeure incertain, tout comme l’identité des hommes qui ont tenté de renverser Umaro Sissoco Embaló.
Le chef de l’État a assuré, mardi soir, que la situation était désormais sous contrôle, mais le déroulé précis des événements demeure incertain, tout comme l’identité des hommes qui ont tenté de renverser Umaro Sissoco Embaló.
Après une journée tendue et confuse, le président Umaro Sissoco Embaló a assuré à Jeune Afrique qu’il était en sécurité et que « la situation était maîtrisée ». Expliquant désormais se trouver au palais présidentiel, mardi en début de soirée, il a affirmé que les tirs, nourris, avaient duré cinq heures, qu’ils étaient « le fait d’éléments isolés » et qu’il y avait eu des blessés graves et « beaucoup de morts ».
Dans une déclaration à la presse bissau-guinéenne, également faite dans la soirée, il a ajouté : « Les assaillants auraient pu me parler avant ces événements sanglants. » Entouré du Premier ministre, du vice-Premier ministre et du ministre de la Justice, Umaro Sissoco Embaló s’est affiché serein, remerciant les forces de défense et de sécurité d’avoir fait échec au coup d’État et dénoncant « un acte préparé et organisé ».
Tirs nourris toute l’après-midi
Selon différents témoignages, des hommes armés sont entrés en début d’après-midi dans le complexe du palais du gouvernement, qui abrite les différents ministères en périphérie de Bissau, la capitale, près de l’aéroport. Un conseil des ministres extraordinaire devait s’y tenir en présence du président et du Premier ministre, Nuno Gomes Nabiam. Des témoignages ont présenté ces hommes comme des militaires, d’autres comme des civils.
Des tirs nourris ont été entendus une bonne partie de l’après-midi. Des hommes lourdement armés ont encerclé le complexe, sans qu’on sache s’ils étaient des mutins ou des forces loyales au pouvoir. Ce qui s’est ensuite passé à l’intérieur du palais demeure incertain, tout comme l’identité des auteurs du coup de force, et aucun bilan fiable n’a pour l’instant été communiqué.
Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a immédiatement réclamé, mardi, l’arrêt des combats à Bissau et « le plein respect des institutions démocratiques du pays ». La Cedeao a elle aussi condamné, dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux, ce qu’elle considère comme une « tentative de coup d’État » et demandé aux militaires de « retourner dans leurs casernes ». L’Union africaine a dit suivre « avec grande inquiétude la situation ».
Quatre putschs et une kyrielle de tentatives de coup d’État
Ces événements interviennent moins d’une semaine après un remaniement ministériel, opéré le 24 janvier dernier, lors duquel le secrétaire d’État à l’ordre public, Albert Malu, a été limogé. Il était en première ligne du conflit qui opposait ces dernières semaines le gouvernement et le président autour d’un Airbus A340 venu de Banjul avec l’accord présidentiel. Le Premier ministre avait d’abord déclaré que l’avion transportait une cargaison suspecte et était entré illégalement dans le pays, avant de revenir sur ses dires.
Depuis son indépendance du Portugal, en 1974, après une longue guerre de libération, la Guinée-Bissau a connu quatre putschs (le dernier, en 2012), une kyrielle de tentatives de coup d’État et une valse des gouvernements.
En 2014, elle est engagée vers un retour à l’ordre constitutionnel, ce qui ne l’a pas préservée de turbulences à répétition, mais sans violence. Le pays pâtit d’une corruption endémique. Il a longtemps été considéré comme une plaque tournante du trafic de cocaïne entre l’Amérique latine et l’Europe et les forces armées y jouent un rôle prééminent.
Élu à la toute fin de l’année 2019 à la suite d’un scrutin dont le résultat est toujours contesté par le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), Umaro Sissoco Embaló est lui-même un ancien général, qui a succédé à José Mario Vaz.
Source : Jeune Afrique