Billy Houto : l’élimination du Cameroun « est un échec total «
La contre performance des lionnes indomptables face au Kenya laisse un goût amer à l’analyste sportif camerounais. Billy Houto a accepté de répondre aux questions de K-news24.
K-news24 : Le Cameroun ne participera pas pour la première fois de son histoire à une phase finale de la Coupe d’Afrique des nations. Quelle analyse faites-vous de l’élimination des lionnes indomptables ?
Billy Houto : Pour faire une analyse froide, je dirais que c’est un cataclysme. C’est un échec total. Je pense qu’on a touché le fond. On parle quand même du Cameroun qui, depuis 1991 a toujours disputé une phase finale de la Can, et se fait eliminer par le Kenya, lors d’une phase éliminatoire. Ce n’est même pas la compétition. Si on avait été éliminés au premier tour de la compétition, peut-être ce serait passé parce qu’on est dans une phase de transition. On se fait éliminer par une équipe Kényane qui n’a jamais disputé une phase finale de la Can. Lorsqu’on parle du Cameroun qui a disputé deux coupes du monde, les jeux olympiques, l’ambition première ce de remporter la CAN. On part de cette ambition à se faire éliminer au premier tour par le Kenya. C’est fort, ç’est très fort. Au moment où la superleague (championnat national de foot féminin, ndlr) prend du galon, l’équipe nationale enchaîne des mauvaises performances. Je pense que c’est un mauvais signe. C’est un échec. Il faudrait que les dirigeants essayent de trouver des solutions. Certains me diront, c’est la fin d’un cycle, c’est une phase de transition. Certes c’est vrai. Mais quand on s’appelle le Cameroun on se qualifie d’abord pour la CAN. C’est une grosse claque. Et ce n’est pas étonnant parce qu’au match aller On voyait les prémices d’une élimination. Quand on joue le Kenya à domicile vous marquez le maximum de buts possible. Il n’ y a pas eu une grande marge de sécurité au niveau de la différence de buts. 1-0 ce n’était pas suffisant. Ce que les Kenyanes ont montré ce jour là, il était clair qu’il fallait réellement attention.
K-news24 : Peut-on remettre en cause, avec du recul, les choix de l’entraîneur?
Billy Houto : Pour le cas de l’entraîneur, je pense qu’il y a un problème lié au timing de sa nomination. Sans vouloir être prétention, je pense que l’exécutif (de la Fecafoot, ndrl) s’est loupé. L’entraîneur est dans le football masculin. Il rentre dans le football féminin. C’est vrai c’est le football. Mais le foot féminin est différent du foot masculin à certains niveau. Même dans la vie, vous ne managez pas une femme comme vous managez les hommes. Les méthodes ne sont pas les mêmes parce que les femmes sont plus capricieuses et ont besoin de beaucoup plus d’affection et d’attention. Je crois qu’il fallait le nommer beaucoup plus tôt pour qu’il ait le temps de s’acclimater et toucher du doigt certaines réalités. Je pense qu’après la coupe du monde manquée lors des barrages c’était le bon moment pour le nommer et lui donner le temps de travailler. Quand vous voyez son équipe jouer, on se rend compte qu’il y a beaucoup de soucis liés à la cohésion parce qu’il découvre les joueuses. Dans le jeu il y a eu beaucoup de choses à redire à l’aller comme au retour. Et c’est de la responsabilité de l’entraîneur. S’il est comptable de la victoire et l’est aussi de l’échec. Donc le sélectionneur Jean Paul Bisseck a une grosse part de responsabilité. L’exécutif actuel gagnerait à tirer les leçons. Peut-être pas le limoger mais essayer de voir ce q il n’a réellement pas marché. Qu’ il aligne Esther Mayi à gauche, on se rend compte qu’elle a beaucoup de déchets. Au match retour, il chamboule le milieu de terrain qui est là charpente de ton équipe. Et Aboudi Onguene pas très forme mais qu’il laisse sur le terrain. Dans son animation il lui a manqué beaucoup de choses.
K-news24 : Se faire éliminer au premier tour par le Kenya peut laisser penser à un malaise profond dans la sélection ?
Billy Houto : Déjà il y a un cadre qui a décidé de se mettre temporairement à l’écart, Estelle Johnson. C’est la preuve de ce qu’il y a un malaise dans l’équipe. Toujours parlant de cadre, je n’ai pas vu ses joueuses prendre leurs responsabilités. Seule l’envie ne suffit pas. A un moment donné, il faut sceller l’affaire. En dehors de Nchout Ajara, Aboudi Onguene m’a déçu. C’est une équipe en transition. Lorsqu’on voit le déploiement à l’extérieur on se rend compte que tout n’est pas rose à l’intérieur. Les victoires sont un peu l’arbre qui cache la forêt. Lorsqu’il y a défaite comme celle-ci on se regarde en face et on se dit les vérités. Peut-être qu’à un moment aussi il faut se séparer de certaines joueuses qui ne peuvent plus réellement se donner à fond.