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WILPF : La Camerounaise Jacqueline Sylvie Ndongmo candidate à la présidence mondiale.

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Après avoir occupé pendant plusieurs années la présidence de la représentation camerounaise, elle dépose sa candidature au niveau mondial. Jacqueline Ndongmo faire le bilan des activités de WILPF Cameroun et ses ambitions.

WILPF : La Camerounaise Jacqueline Sylvie Ndongmo candidate à la présidence mondiale. Actualités au Cameroun

Jacqueline Sylvie Ndongmo

Après avoir occupé pendant plusieurs années la présidence de la section camerounaise, ensuite la représentation africaine, elle dépose sa candidature au niveau mondial. Sylvie Jacqueline Ndongmo fait le bilan des activités de WILPF Cameroun et ses ambitions.

K-news24 : WILPF Cameroon est engagé sur le terrain de la préservation des droits de la femme. Êtes-vous satisfaites de votre parcours jusqu’ici ?

D’une part oui, nous sommes satisfaites de la contribution symbolique que nous avons pu apporter sur ce terrain de promotion et préservation des droits de la femme. Les résultats sont visibles tant sur le plan législatif que sur les plans des actions concrètes sur le terrain. En dix ans, nous avons mené d’intenses campagnes sensibilisations, des plaidoyers, du renforcement de capacités et des activités d’autonomisation dont les changements sur la vie des femmes et des filles sont perceptibles. Néanmoins, la satisfaction ne saurait être totale dans la mesure où la situation des femmes et des filles demeure préoccupante au regard d’un certain nombre d’indicateurs sociaux dont la hausse du taux des violences domestiques, des violences basées sur le genre, de multiples discriminations et stéréotypes à l’égard des femmes et ce avec un impact considérable sur la vie des femmes et des filles.  Lorsqu’aucune femme ou fille ne verra plus ses droits bafoués et violés du fait de son genre, nous aurons une satisfaction totale. 

Depuis son installation, WILPF Cameroon a contribué à quelques avancées dans la préservation des droits des femmes, la plus importante étant la vulgarisation, le plaidoyer et l’accompagnement des parties prenantes et plus spécifiquement le gouvernement dans l’adoption du Plan d’action national de la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations unies, Résolution qui recommande l’implication des femmes dans les processus de prise de décision et de paix. 

D’autres contributions importantes sont entre autres la mise sur pied d’une clinique d’assistance juridique et judiciaire, la mise sur pied d’une salle de verte et d’alerte des femmes avec un centre d’appel doté d’un numéro vert 8243, la contribution à l’Examen Période Universel (EPU) du Cameroun (3ème cycle). Nous pouvons citer aussi la formation d’une première vague de 52 conseillers locaux jeunes dans la région ouest  pour lutter contre la violence dans les écoles et dans les communautés en général, formation à gérer les conflits de manière pacifique, à faire face à l’augmentation des discours de haine sur les réseaux sociaux, à gérer des clubs de jeunes pour la paix dans les écoles. Ce travail se poursuit. Nous avons l’intention de former des conseillers locaux pour la jeunesse dans les 54 divisions du pays.

Nous avons créé un certain nombre de plateformes avec des femmes qui s’engagent dans la consolidation de la paix, telles que la Plateforme des femmes camerounaises pour des élections pacifiques et l’éducation à la paix et la Plateforme des femmes camerounaises pour le dialogue national, respectivement pour contribuer à des élections sans violence et garantir la prise en compte des voix des femmes dans le processus de dialogue national (par le biais du Mémorandum « Voix des femmes pour le dialogue national »). 

K-news24 : Qu’est-ce qui, selon vous, freine vos activités à se déployer dans sa plénitude sur le territoire national ?

Il faut d’emblée dire que WILPF Cameroon dispose de 4 bureaux de liaison opérationnels qui couvrent 7 régions. Malgré notre absence physique dans toutes les 10 régions, nous avons néanmoins des points focaux dans les régions où nous ne sommes pas présentes.  Nous déplorons la réduction de l’espace civique qui monte en puissance au Cameroun et constitue un frein au déploiement des organisations de la société civile (OSC) dont la nôtre. C’est une reculade pour l’avancement des droits humains et il faut que cela change. En plus, le rôle d’accompagnement de l’Etat par la société civile est parfois mal perçu par certains acteurs administratifs ou politiques qui nous traitent plutôt de suppôt de l’étranger.

Les membres et le personnel de WILPF Cameroon craignent pour leur sécurité depuis plusieurs années. Cette situation s’est envenimée avec de nouvelles menaces et de nouveaux risques pour l’organisation en général, et pour la présidente que j’étais en particulier, notamment les multiples cambriolages du bureau de Douala et un cambriolage du bureau de Bertoua. Nous devons faire face à l’espionnage de l’organisation et les attaques physiques contre la présidente, à la diffamation et l’intimidation de la présidente et cambriolages répétés à son domicile (2016, 2018, 2021), à l’agression et au vol du matériel de travail (ordinateur, disques dur externes, clés USB, documents d’identité, etc). Mais tout cela n’a pas entamé notre détermination, car notre combat est légitime, noble et salutaire pour toute la nation camerounaise. 

La pandémie du Coronavirus est toujours un défi pour le travail de WILPF Cameroon. Notre pays tout comme d’autres est confronté à la pandémie, et cela oblige l’organisation à adopter de nouvelles stratégies de travail. Bien que les membres de WILPF Cameroon aient pris des mesures pour se protéger et protéger leurs familles et leurs proches de la pandémie, certains défis majeurs restent à relever : entre autres, la bonne utilisation par tous les membres des outils de communication et des réunions en ligne et le ralentissement des déplacements sur le terrain. 

K-news24 : Un nouveau bureau est en place pour diriger la structure. Sur quels axes compte-t-il se déployer davantage ?

Le nouveau bureau s’appuiera sur la présence effective de WILPF dans toutes les régions du Cameroun. A ce jour, des représentations régionales (physiques) sont présentes dans 4 des 10 régions du pays, ce qui facilite le développement et le suivi des activités partout dans le pays ainsi que l’accompagnement des populations vulnérables (Personnes déplacées internes, réfugiés, populations locales vulnérables) dans leur désir d’autonomisation. Sur le plan politique, le nouveau bureau s’attèlera aux côtés d’autres OSC à mener des actions de sensibilisation, de lobbying et de plaidoyer pour un retour à la paix au Cameroun. Sur un plan beaucoup plus opérationnel, le bureau s’attèlera au développement des ressources humaines en quantité et en qualité, afin que WILPF Cameroon ait une présence effective dans toutes les régions du Cameroun. Le nouveau bureau entend également travailler sur la concrétisation du programme d’éducation à la paix et à la non-violence active pour ainsi contribuer à ce que notre pays retrouve sa légendaire renommée de « havre de paix ». D’autres chantiers importants du nouveau bureau sont entre autres, de rendre national et institutionnel le programme de renforcement de l’autonomisation économique et sociale des femmes déplacées internes et filles mères des communautés hôtes ; l’opérationnalisation des cliniques mobiles et la poursuite de la formation des jeunes influenceurs web pour la paix et la formation des conseillers locaux jeunes dans les 54 départements du pays.

K-news24 : Vous, Sylvie Ndongmo, après plusieurs années à la tête de la structure, mettez désormais vos compétences au service de la représentation africaine. Quel est rôle principal ?

Mon rôle principal est celui de l’accompagnement des sections et groupes de la WILPF en Afrique dans leur création et leur développement en rapport avec la vision de WILPF. De façon spécifique, en tant que représentante régionale, j’ai entre autres les responsabilités suivantes :

  • Assurer le leadership global de WILPF dans la région en m’assurant que la vision de WILPF est connue et amplifiée sur le continent.
  • Rassembler les femmes et les personnes de la région pour travailler à la fin de la guerre, à la prévention des conflits armés et de la violence et à l’abolition des causes de la guerre. 
  • Soutenir la paix menée par les femmes, le travail de prévention des conflits et les efforts de coopération entre les sections nationales de la WILPF dans la région par des actions comprenant des campagnes pacifiques, des manifestations et des actions de sensibilisation pour la paix et pour s’attaquer aux causes de la guerre.
  • Créer des espaces pour rassembler les femmes afin de mobiliser et de renforcer le pouvoir collectif aux niveaux local et régional.

K-news24 : Quelles sont les résultats dont vous êtes le plus fière ?

C’est notre plaidoyer le plus réussi que mon équipe et moi avons conduit de telle sorte que l’agenda des femmes, de la paix et de la sécurité soit reconnu par le gouvernement camerounais. Je suis particulièrement ravi d’avoir joué un rôle clé en facilitant les travaux préparatoires pour que ONU Femmes travaille avec le gouvernement camerounais pour développer un plan d’action national sur la Résolution 1325 du Conseil de Sécurité des Nations Unies (CSNU).

Je peux également citer : 

  • notre contribution à la mise en place de structures de prévention des conflits par le biais de la mobilisation et de la formation, des observateurs des violences électorales et de la gestion du centre d’appel (doté d’un numéro vert 8243) de la Salle de Veille et d’Alerte des Femmes pour prévenir la violence lors des élections que le Cameroun a organisées en octobre 2018, février 2020 et décembre 2020 ;
  • notre contribution au processus de paix au Cameroun par le biais d’une analyse de la dimension genre dans les conflits, un processus de recherche ascendant, complet et féministe, qui consiste à établir des faits et à mener des enquêtes afin de fournir, non seulement un diagnostic des problèmes, mais aussi une analyse de ce qui peut être fait pour apporter des changements, pour soutenir, ou même aider à créer, un processus de paix qui puisse être inclusif et durable ;

la création d’un certain nombre de plateformes avec des femmes engagées dans la consolidation de la paix, telle que la Plateforme des femmes camerounaises pour le dialogue national, afin de s’assurer que les voix des femmes soient prises en compte dans le processus de dialogue national (par le biais du Mémorandum « Voix des femmes pour le dialogue national ») ;

  • la mise en place d’une clinique d’assistance juridique et judiciaire pour apporter des réponses rapides aux violations des droits des femmes et des jeunes défavorisés, y compris la violence basée sur le genre. La clinique prévient et traite les violations des droits de l’homme de manière opportune, en fournissant des informations juridiques et/ou d’autres aides utiles aux survivants de violences physiques, psychologiques, économiques, etc ; 
  • la conduite de la formation à l’autonomisation économique et sociale de 600 femmes déplacées internes et filles mères des communautés d’accueil du département de la Menoua pour réduire leur vulnérabilité et comme outil de promotion de la cohésion sociale et de construction d’une paix durable, après le siège de Douala, l’ouverture de nouveaux bureaux à Yaoundé (région du Centre), Bertoua (région de l’Est) et Dschang dans la région de l’Ouest, ouvertures qui s’inscrivent dans le cadre du renforcement de la présence de l’organisation sur le territoire national, dans le but d’amplifier la voix des femmes au niveau local. 

Je ne saurai oublier l’engagement des jeunes dans notre travail et leur formation à la communication non violente et l’utilisation des médias sociaux pour promouvoir la paix et combattre les discours de haine, ainsi qu’au leadership et, plus largement, au programme de l’ONU pour la jeunesse (Résolution 2250 du CSNU). 

Aujourd’hui, l’une des choses dont je suis tellement fière est que nous disposons d’un groupe d’influenceurs Web de la paix au Cameroun et nous travaillons à en créer un au niveau continental en nous appuyant sur mon rôle en tant que représentante régionale de WILPF Afrique.

K-news24 : Quelles sont les leçons apprises de votre travail pendant toutes ces années ?

 Tout d’abord, une plus grande collaboration, synergie, partenariat et actions conjointes des différents acteurs de la société se sont avérés d’importance capitale pour obtenir de meilleurs résultats, d’où notre credo, #StrongerTogether, #PlusFortesEnsemble, qui est devenue comme notre devise. C’est pourquoi, malgré tous les défis et obstacles auxquels nous sommes confrontés dans notre travail, nous découvrons que c’est ensemble que nous sommes plus forts et que nous pouvons avoir un impact positif. 

Ensuite, le dialogue reste le meilleur moyen d’aborder les conflits de manière durable. 

Enfin, le succès de nos actions dépend en partie de notre capacité à gérer le stress et les traumatismes qui font partie de notre travail sur le terrain avec les communautés. Investir dans des soins sensibles au stress et aux traumatismes et dans le bien-être personnel est vraiment important pour obtenir un grand impact dans notre travail.

K-news24 : Au niveau mondial, le congrès de WILPF approche à grand pas avec à la clé, l’élection d’un nouveau bureau international. Quelles sont vos ambitions et perspectives ?

Effectivement, le Congrès de WILPF est imminent et je me suis portée candidate à la présidence mondiale afin que mon expertise acquise au niveau national et régional africain puisse contribuer au développement et rayonnement de WILPF dans le monde. Je nourris évidemment de grandes ambitions pour le mouvement mondial et j’espère bien pouvoir vous en dire plus dans une prochaine entrevue. 

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