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Alliances politico-électorales de l’opposition : un récit de contrôle et de résistance

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Alliances politico-électorales de l'opposition : un récit de contrôle et de résistance

Depuis les années 90, le gouvernement camerounais a manifesté une profonde méfiance à l’égard des alliances politico-électorales formées par les partis de l’opposition. Cette méfiance, souvent alimentée par la crainte de perdre le contrôle du pouvoir, s’est traduite par une série de mesures répressives visant à entraver et à délégitimer les efforts de l’opposition pour s’unir et contester le statu quo politique.

Commençons par dire que les alliances politiques ont permis de consolider les forces politiques en regroupant des partis aux intérêts communs. Ces regroupements stratégiques ont parfois conduit à des victoires électorales qu’on peut qualifier de significatives. L’exemple de l’Union pour le changement de 1992 reste le plus cité à ce jour.

Revenons à l’attitude du pouvoir face à ces projets de coalition ou d’alliance, et remarquons que le gouvernement a souvent adopté une approche ambivalente à l’égard des alliances politico-électorales, naviguant entre pragmatisme politique et méfiance stratégique.

D’une part, le gouvernement a parfois toléré voire encouragé certaines alliances politiques, notamment celles qui contribuaient à diviser l’opposition et à renforcer la position dominante du parti au pouvoir. Souvenez vous du G 11 ou du G20 en 2018. Une Coalition de 20 partis politiques de l’opposition qui annonçait son soutien au candidat Paul Biya lors de l’élection présidentielle d’octobre 2018. Pendant que beaucoup y voyaient de l’opportunisme intéressé, le G20 se défendait en affirmant faire partie de la majorité présidentielle.

Ces alliances stratégiques ont très souvent été utilisées pour affaiblir les adversaires politiques et garantir la continuité du régime en place. Dans certains cas, le parti au pouvoir, assimilé au gouvernement a même coopté des membres de l’opposition au sein de ses propres rangs, affaiblissant ainsi le potentiel de résistance politique.

D’autre part, le gouvernement a également adopté une position de méfiance à l’égard des alliances politico-électorales, en particulier lorsqu’elles menaçaient de remettre en cause son autorité ou sa légitimité. Dans ces cas, des mesures répressives ont parfois été prises pour étouffer les mouvements d’opposition et préserver le statu quo politique. Des arrestations arbitraires, des intimidations et des restrictions sur la liberté d’expression ont été utilisées pour dissuader les dissidents et maintenir le contrôle sur le processus électoral.

L’un des exemples les plus frappants de cette méfiance gouvernementale remonte aux élections présidentielles de 1992. À cette époque, l’opposition s’était rassemblée au sein de la Coalition pour le Changement, avec pour objectif de présenter un candidat unique contre le président en exercice, Paul Biya. Cependant, le gouvernement a réagi avec véhémence, utilisant une combinaison de manœuvres politiques et de répression pour affaiblir la coalition. Des candidats de l’opposition ont été arrêtés, des rassemblements politiques ont été interdits, et la campagne électorale a été marquée par des irrégularités et des violences, compromettant ainsi la crédibilité du processus électoral.

Malgré ces défis, l’opposition camerounaise a persisté dans ses efforts pour former des alliances politiques et défier le régime en place. Des initiatives comme celles de 2004, ont tenté de surmonter les divisions internes et les pressions gouvernementales pour présenter une alternative crédible au pouvoir en place. Cependant, ces efforts ont souvent été entravés par les tactiques de déstabilisation du gouvernement et les divisions internes au sein de l’opposition elle-même.

Michael Tchipkio


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