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Cameroun – Fecafoot/Samuel Eto’o : «A, quoi sert de polluer la presse de ragots au lieu de partager avec elle notre vision future de notre football »

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Au cours de la réunion du comité exécutif, le président de la Fecafoot a reproché à certains de ses collaborateurs de s’attaquer à lui dans les médias.

CAN 2023/Samuel Eto'o "gardons nos émotions"

Samuel Eto'o, président de la Fecafoot- credi photo :Le monde

Réaction du président de la fédération camerounaise de football au cours de la réunion du comité exécutif tenue à Limbe le 16 février 2022.

Samuel Eto’o n’est pas du tout content. Il fait la Une de plusieurs médias nationaux depuis la fin de la coupe d’Afrique des nations 2021. Ceux-ci lui remette déjà en cause sa gestion de la fédération camerounaise de football.

Un sujet qu’il n’a pas éludé lors de la réunion du comité exécutif de la Fecafoot tenue mercredi à Limbe. Le président de l’instance faîtière du football national a accusé ses proches collaborateurs.

« Les dispositions de nos textes nous commandent la convivialité et la recherche des solutions internes aux différends qui peuvent nous opposer. Le but recherché par leurs rédacteurs était préservation de l’esprit associatif et la formation d’un bouclier protecteur contre l’extérieur »

« vous comprenez la colère et déception qui sont les miennes lorsque je constate que des personnes qui partagent quotidiennement cet espace de travail avec moi, choisissent la presse et les réseaux sociaux pour m’attaquer lâchement. A quoi sert-il de polluer la presse de ragots au lieu de partager avec elle notre vision future de notre football ? Il m’est difficile de résister à la tentation de me défendre par tous les moyens légaux pour rétablir mon honneur. J’espère ne pas devoir en arriver à ce point, parce qu’une passe manquée ne fait pas de votre coéquipier un adversaire sur le terrain »

Voici le discours intégral du président de la Fecafoot.


Mesdames et Messieurs, Chers membres du Comité Exécutif de la Fecafoot

Nous revoici sur les bords de l’océan Atlantique. Après Kribi, bienvenue à Limbé, la belle cité balnéaire chaleureuse, accueillante et, je l’espère, favorable à la bonne tenue de notre réunion. Je suis davantage heureux, parce que c’est le premier Comité auquel je prends part en présentiel. Permettez-moi de remercier d’entrée de jeu notre cher Vice-président, Njalla Quan, qui a perpétué la tradition d’hospitalité chère à son père de regrettée mémoire, pour lequel nous avons une pensée émue, tellement l’histoire du développement du football dans cette partie du Cameroun est liée à son nom et à son engagement. Merci M. Le Président et cher frère. Merci à tous les membres qui ont bien voulu nous honorer de leur présence.

Chers membres du Comité Exécutif,
L’actualité de ces dernières semaines a été dominée par la Coupe d’Afrique des Nations. Nous avons consacré notre temps et nos énergies à recevoir nos invités et à encadrer notre sélection nationale.
Actualité triste aussi à la suite de l’accident mortel survenu au Stade d’Olembe. Nos pensées vont aux victimes de la tragique bousculade qui a endeuillé cette grande fête du football continental. Puissent-elles trouver la paix dans le repos éternel.

Les larmes de cet événement malheureux ont néanmoins été séchées par le parcours honorable de nos chers Lions Indomptables, qui ont su donner le meilleur d’eux-mêmes pour arracher la troisième place du tournoi. Bien sûr, nous aurions aimé faire mieux mais nous nous soumettons à la dure loi du sport, et félicitons nos frères sénégalais, qui ont largement mérité d’être champion d’Afrique. En attendant de faire le bilan avec les organes techniques spécialisés de notre fédération et d’en tirer les conséquences, nous pouvons être fiers de nos jeunes frères et de nos enfants.
Toutefois, quelques-uns d’entre nous, membres du Comité Exécutif, n’ont pas hésité à critiquer cette équipe en privé ou en public. Leurs critiques, parfois constructives, ont visé notamment le nécessaire renforcement de l’esprit d’équipe qui devrait guider les joueurs. C’est normal, car, siéger au Comité exécutif ne nous impose pas le silence. Personne n’a le droit de blâmer ceux qui exercent leur liberté de penser. En revanche, nous ne pouvons pas décrier l’absence d’esprit d’équipe au sein de nos Lions alors que, dans le même temps, nous sombrons nous aussi dans le même travers. Ici même, au sein du Comité Exécutif, chacun veut à la fois dribbler, passer, marquer, être seul dans l’objectif des caméras, faire le classement, commenter le match qu’il joue lui-même, bref, faire tout le contraire de ce que le football nous impose comme obligation à savoir, jouer collectif. Chers amis, je vous assure que nous ne produirons aucun résultat significatif si chacun de nous n’apprend à jouer le rôle qui lui est confié. Nous devons défendre quand c’est nécessaire, applaudir le coéquipier qui marque le but, encourager et protéger le gardien qui prend un but, assumer et accepter les choix de l’entraineur, qui seul est responsable de la définition du système de jeu, en tenant compte des joueurs à sa disposition. Il peut arriver que les choix ne plaisent pas, qu’ils blessent l’orgueil de quelques-uns. Malheureusement, opérer des choix douloureux fait partie de l’ADN de notre sport. Ceux qui connaissent un peu la discipline que nous avons la prétention de diriger le savent.

Mesdames et Messieurs,

Lorsque l’équipe nationale du Cameroun dont j’ai eu l’immense privilège de porter les couleurs gagne, notre peuple est en joie du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest. Lorsqu’elle perd, la déception qui traverse chacun de nous est la même, de Kolofata à Ekondo Titi, de Batouri à Foumban…Il ne vient à l’idée de personne de se poser la question de l’ethnie du buteur qui a procuré cette joie. Personne ne veut savoir de quelle région vient le joueur qui a manqué son tir au but.

Il n’est donc pas concevable que des dirigeants du football camerounais, ceux-là même qui ont la responsabilité de porter les valeurs de cette discipline, se livrent au jeu malsain de faire le tri des joueurs sur le critère de l’ethnie ou de la région. Ce réflexe détestable porte en lui la destruction de toutes les valeurs du sport. Comment pouvons-nous confondre football et Assemblée nationale ? Chaque région doit-elle revendiquer les siens parmi nos Lions ? A-t-on le droit de s’approprier les exploits de Vincent Aboubakar parce qu’il est issu de la même aire géographique que nous ? Ma conviction est que chaque fille et chaque fils de ce pays, quelle que soit son origine ethnique ou régionale, est le frère de Vincent Aboubakar. Nous avons le devoir moral de nous éloigner de ces jeux dangereux qui n’honorent pas le football et ses valeurs.
Bien que premier responsable de notre fédération, je ne suis pas réfractaire à la critique surtout lorsqu’elle est constructive et de bonne foi. Et j’ai par ailleurs toujours placé la gestion des ressources humaines sous le critère exclusif de la compétence. Mais pour démentir les fausses allégations qui circulent, me voici obligé de relever que dans l’effectif de notre personnel, le plus gros contingent vient du septentrion de notre pays. Doit-on prendre les calculatrices, s’y attarder et chercher les équilibres qui ne cadrent pas avec nos objectifs et notre vision ? Ceci sera la première et la dernière mise au point de cette nature car je n’ai pas l’intention de me laisser entrainer dans ces débats qui ne sont pas à la hauteur des enjeux. Les germes de la division ont déjà suffisamment fait du mal aux camerounais. Je compte assumer le mandat que les délégués m’ont accordé jusqu’au bout, avec la dignité qui sied. Chacun ici a reçu un mandat, non pour défendre une région, un peuple ou une ethnie, mais pour défendre le football. Le définir et l’organiser sur le terrain, pour que le gamin de Maroua, ressente la même émotion que celui de Dschang ou de Sangmelima…c’est sur ce terrain que le peuple camerounais nous attend.

Mesdames et Messieurs,
En sollicitant du Comité exécutif un mandat de négociation et de conciliation autour des litiges qui ont fait dépenser à notre fédération plus de 900 millions de nos francs lors du mandat précédent, j’étais animé par deux ou trois objectifs : faire des économies, privilégier le dialogue et rassembler la famille du football. Les premiers résultats sont satisfaisants. M. Nkou Mvondo, qui avait obtenu une sentence de dédommagement de 100 mille francs par jour depuis la publication de la sentence et dont le cumul des sommes dues se chiffrait déjà en milliards, a accepté de revoir sa créance à la baisse, soit une modique somme forfaitaire de 20 millions, pour l’intérêt du football. M. Nyassa Soleil, avait quant à lui signé un contrat en bonne et due forme avec mes prédécesseurs et trainait une ardoise qui n’était pas loin des 50 millions. Néanmoins, il a accepté de revoir ses exigences plus de trois fois à la baisse. À ce jour, nous avons pu obtenir un accord avec le Président Général Semengue et dont les détails restent à parfaire, ainsi qu’avec le Secrétaire Général de la Fecafoot dont la procédure était aussi pendante devant les juridictions. Nous poursuivons avec les autres acteurs, parce que le dialogue sera notre crédo jusqu’à pendant tout notre cheminement.
Il faut dire que je gère le lourd passif des litiges de mes prédécesseurs. Sans avoir la prétention d’imposer mon point de vue, ces litiges sont une épine à extraire au pied du nouvel Exécutif, pour lui permettre de poursuivre sereinement sa mandature. Nous avons le devoir de chercher des solutions à l’amiable sans chercher les boucs émissaires dans les Exécutifs précédents même s’ils nous ont légué ces dossiers à problèmes. La continuité de l’administration nous y oblige. Le Président Kennedy disait « Ne négocions pas avec peur, mais n’ayons pas peur de négocier  » faire gagner du temps et de l’argent à la fédération en si peu de temps, devrait être notre fierté…

Mesdames et Messieurs…

Les dispositions de nos textes nous commandent la convivialité et la recherche de solutions internes aux différends qui peuvent nous opposer. Le but recherché par leurs rédacteurs était préservation de l’esprit associatif et la formation d’un bouclier de protection contre l’extérieur. Vous comprendrez la colère et la déception qui sont les miennes, lorsque je constate que des personnes qui partagent quotidiennement cet espace de travail avec moi, choisissent la presse et les réseaux sociaux pour s’attaquer m’attaquer lâchement. À quoi sert-il de polluer la presse de ragots au lieu de partager avec elle notre vision future du football ? Il m’est difficile de résister à la tentation de me défendre par tous les moyens légaux pour rétablir mon honneur. J’espère ne pas devoir en arriver à ce point, parce qu’une passe manquée ne fait pas de votre coéquipier un adversaire sur le terrain. Elle devient un problème si cela se répète à plusieurs reprises. Quoi qu’il en soit, c’est dans le vestiaire du Comité Exécutif que nos problèmes se discutent. Et c’est toujours l’entraîneur que je suis qui devra trancher… Parce c’est à moi d’assumer les mauvais résultats tandis que les bons seront l’œuvre de tous.
Je vous remercie .

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