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Lait de vaches : une production encore mal exploitée au Cameroun

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L’ensemble du pays, produit une importante quantité de lait qui outrepasse la demande nationale, cependant la mauvaise politique de gestion laitière ne favorise pas le bon suivi des producteurs.

Selon des chiffres publiés par le ministère de l’Élevage des Pêches et de l’Industrie Animale (Minepia) en 2020, la production de lait souffre encore d’un déficit global de plus de 120 000 tonnes. Un déficit qui ne tient pratiquement pas en compte les petits producteurs. Car, le lait est produit en bonne quantité dans le septentrion et rien n’est fait pour mieux gérer les petits producteurs et favoriser la production.

En effet, l’on note des chiffres important communiqué par le Minepia, qui ne pense qu’aller importer des vaches ailleurs sans trouver des issues dans le pays.

La production laitière présente de réelles opportunités à court et moyen terme dans les régions de l’Adamaoua, du Nord-ouest, du Nord, de l’Extrême-Nord dans l’Ouest (Noun, Bamboutos), le Centre (Mbam et Kim, Haute Sanaga), et de l’Est (Kadey, Lom et Djerem).A cet effet, le pays devrait s’y concentrer et réduire les importations de vaches, de lait. «  Il suffit de se concentrer sur nos propres vaches afin de trouver des solutions qui pourraient impulser la production laitière. Point besoin d’importer des animaux qui normalement ne conviennent même pas à notre climat », indique Samson Tchoffo, ingénieur agropastoral. L’importation de vache au détriment de celles existantes déjà dans nos fermes nous appauvrit et rend notre production dépendante, ajoute-t-il.

L’importation reste une coutume dans le secteur

En fait, le Minepia a importé de nouvelles génisses en provenance de la France en 2022. Le 21 janvier 2023 à Garoua, dans la région du Nord, un nouveau lot de 165 vaches laitières de la race montbéliarde a été réceptionné. Ce dernier lot porte à 495 le nombre de génisses gestantes de cette race livrées au Cameroun depuis 2020 par la coopérative française Coopex Montbéliarde. Le Cameroun traîne une longue tradition d’importation de bovins. Lancé dans les années 70 avec l’achat aux États-Unis des bovins de race Holstein Frisonne et Jersiaine en 1974, 1976 et 1981, elle avait pour principal but d’accélérer la production laitière nationale. Cependant pour la plupart des éleveurs, fermiers , ces «  vaches ne favorisent en rien la production locale. Car, restent toujours sous une couverture financière et un suivi technique des experts européens », argumente le Dr Philippe Ayang.

Le Mayo-rey et le Faro un exemple à encourager

A Tcholliré par exemple, plus de 500 calebasses d’une quantité de 15 litres et 20 litres de lait naturel sillonne les quartiers pour la vente. Dans les fermes, ou encore dans les habitats d’éleveurs, au moins 10 litres est trait par jour. Une quantité qui pourrait suffir à 10 familles de 4 personnes pour au moins une journée. Dans cette localité du département du Mayo-rey, dans le Nord, le lait est consommé sous toutes ses formes et vendu à moindre coût. Un litre de lait frais avoisine généralement les 200 fcfa à 250fcfa. Le litre de lait transformé en Yaourt coûte 400 fcfa. Il faut dire que, bien que la production est importante, il n’existe pas un bon suivi des éleveurs. Les quelques qui sont encadrés par le Minepia ou le Minader sont généralement des grands producteurs. « Nous avons du bétail qui produit du bon lait durant l’année. Surtout en saison pluvieuse, mais n’ayant pas des structures pouvant en acheter ou à le faire transiter dans les autres régions où villes, nous sommes obligés de distribuer, de vendre à moindre coût ici dans la ville. Et cela ne favorise pas le développement de l’activité . Car , nous sommes parfois obligés de réduire la production pour ne pas nous retrouver avec une quantité importante de lait », relate Bachirou Bobo, éleveur de la ville de Tcholliré.

« Avant, Acefa, Prodel suivaient nos activités, mais depuis 2019 plus rien. Ici dans la ville de Poli, au moins 50 bidons de 30 et 20 litres  de lait sortent pour être vendu soit à Garoua, Ngaoundéré ou le grand sud Cameroun. Ce lait provient de différents troupeaux de la localité. Produits sans effort consécutifs, cette production pouvait aller au-delà s’il y avait un bon encadrement. Mais, cela n’est pas fait », affirme Aissatou Bouba.

Il faut préciser que dans cette localité, le yaourt de lait reste un aliment très consommé. Le Kindirmou (Yaourt épais avec mélange de beurre) fait partir d’aliment consommé presque toute la journée. Le Mbiradam (lait frais) est vendu et consommé comme petit déjeuné. Le Kossam (Yaourt dépourvu de beurre) moins lourd et un peu acide est consommé avec un mélange de riz, de couscous ou de dakéré (petit grain fait avec de la pâte de maïs ou du blé).  Dans ce département, le lait est produit en abondance sans pour autant encadrer la commercialisation. Ce qui ne permet ni à la population, ni au gouvernement de se faire des bénéfices importants pouvant impulser l’économie.

Comme dans le département du Mayo-rey ou encore du Faro, dans le reste du territoire national, l’élevage des vaches laitières se fait de façon archaïque. Les vaches parviennent à produire une bonne quantité de lait. « On n’a pas besoin d’importer les vaches ailleurs. Nous sommes capables de produire et de vendre plus si le gouvernement met le paquet. Mais non. Les ministères en charges préfèrent dépenser de l’argent en important des animaux qu’ils croisent dans nos localités pour produire un lait qui n’est pas le lait pur de chez nous. Que le pays pensent à développer ce qu’il a sans faire toujours appel à l’extérieur juste pour pouvoir mettre les mains dans le budget alloué. Nous avons juste besoin d’un bon suivi, d’un bon encadrement pour développer les techniques de production. Les financements en elles-mêmes ne sont pas très importants. C’est la technique de production et de conservation donc nous avons besoin », relate Prince Mac, producteur laitier de la ville de Kumba.

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« Pour pouvoir valoriser notre production laitière et atteindre l’autosuffisance en lait, le gouvernement devra revenir au programme d’amélioration de la productivité Agricole (PAPA) volet amélioration laitière dans les régions de l’Adamaoua, du Nord et de l’Extrême–Nord et l’étendre dans le Nord-ouest et l’Ouest. Ceci, en se focalisant sur les anciens objectifs tels que : la sélection massale des races locales ; le croisement des races locales performantes avec les races exotiques ; l’amélioration de la collecte ; l’appui des acteurs de la filière laitière par un cofinancement (90% apport du projet et 10% apport des bénéficiaires) ; le suivi des éleveurs des zones rurales », propose la technicienne supérieure d’élevage Mirabelle Djoda, encadreur de productrice de lait dans la ville de Garoua.

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