Reseaux sociaux: quand les fake news font la loi
Aujourd’hui, les fausses nouvelles rencontrent un écho bien plus large sur Internet que les vraies informations
Aujourd’hui, les fausses nouvelles rencontrent un écho bien plus large sur Internet que les vraies informations.
Fausses nouvelles, intox, rumeurs , largement relayées sur les réseaux sociaux, sont une arme redoutable de manipulation de l’opinion publique.
Les enquêtes d’Avaaz, ont démontré que l’algorithme de Facebook a permis aux réseaux diffusant des informations erronées à propos des questions de santé d’atteindre 3,8 milliards de vue sur en 2020. Le pic de ces fausses informations a été atteint en avril 2020, avec plus de 460 millions de vues. Soit juste au moment où la propagation de la pandémie de Covid-19 s’est accélérée à travers le monde.
En effet, selon une étude menée par des scientifiques américains et européens en 2006 et 2020, globalement, les fausses informations atteignent 70 % de « chances » d’être suivis et en plus d’être retweetées en « cascade » que les vraies. Alors qu’une histoire vraie est rarement diffusée à plus de 1000 personnes, le 1 % de fausses informations les plus virales se propagent facilement à des groupes compris entre 1000 et 100 000 individus.
Pour Mamadou Dipaté, économiste et communicateur sénégalais, « la vérité met plus de temps qu’une fausse nouvelle à atteindre 1500 personnes. Alors que la vérité n’est jamais retweetée au-delà de 10 fois, les fausses informations peuvent être retweetées 19 fois ; et ce, 10 fois plus vite qu’une vérité relayée seulement 10 fois ».
Le Cameroun, pays en pleine poussée numérique, aujourd’hui les réseaux sociaux restent le meilleurs support pour avoir des informations. La jeunesse est plus présente sur la toile à la recherche des nouvelles. Nouvelles qui pour la plupart relayés par des arnaqueurs, des individus qui n’ont que pour seul objectif, nuire, détruire la réputation d’une personne physique ou morale. Sur 50 citoyens interviewés dans les villes de Maroua, Yaoundé et Douala, 40 répondent croire aux informations des réseaux sociaux. Pour eux, « les médias traditionnels tels que radio, télévision et presse écrite écrivent en faveur des particulier ».
Il faut noter que les rumeurs les plus largement diffusées sont les nouvelles politiques. Vient ensuite les célébrités de cinéma et de musique urbaines, puis les affaires économiques, le terrorisme, les sciences et technologies, les loisirs et enfin les désastres naturels.
Avec la mondialisation, si internet permet d’accéder à une masse considérable d’informations, il est aussi devenu un canal de diffusion de fake news. Celle-ci est devenue un véritable problème de société. Ces “fausses nouvelles” suscitent aujourd’hui craintes et indignations, au point d’être érigées en véritables menaces pour le débat démocratique.
Face à cette menace d’un nouveau genre, de nombreux pays, au rang desquels le Cameroun, légifèrent sur la question afin de réglementer plus fermement la circulation des informations sur les réseaux sociaux.
Il faut remarquer que les fakes news constituent ainsi des produits informationnels particulièrement compétitifs sur le marché de l’information que représentent aujourd’hui les réseaux sociaux. Parce qu’elles génèrent de l’engagement, c’est-à-dire qu’elles suscitent des clics, des partages et des commentaires, elles contribuent à la croissance économique des plateformes. C’est d’ailleurs pour cette raison que ces dernières ont été suspectées d’entretenir la propagation des fausses nouvelles. Que ces accusations soient fondées ou non, il apparaît assez clair que l’augmentation conséquente des fausses nouvelles en ligne est directement liée au modèle économique des plateformes de réseaux sociaux ainsi qu’aux algorithmes qui régissent les plateformes – dans la mesure où plus un contenu fait réagir les internautes, plus il remonte dans la hiérarchie des contenus.
Quelles que soient les raisons pour lesquelles ces fausses nouvelles sont produites, il n’en demeure pas moins que celles-ci parviennent à toucher en ligne un public conséquent.
Lutter efficacement contre les fake news est donc un travail à long terme, qui articule à la fois une action ambitieuse en termes d’éducation aux médias et une tentative de reconquête de la confiance politique. Mais face aux problèmes que pose cette désinformation massive sur les réseaux sociaux, des solutions à court et moyen termes sont également envisagées pour tenter d’enrayer un phénomène que bon nombre d’observateurs jugent inquiétant.
En attendant ainsi que des réglementations soient mises sur pied pour contrôler aussi bien les fausses informations, la cybercriminalité, les médias traditionnels s’ouvrent eux aussi aux réseaux sociaux pour contre carrer l’info intox.
Joël Godjé Mana