Cameroun : Ces nouvelles chaînes de l’innocence
Dans l’ombre d’une paix souvent vantée se cache une réalité bien plus sombre pour le Cameroun. Celle de l’esclavage moderne des enfants, un fléau qui continue de sévir malgré les efforts nationaux et internationaux. Ce phénomène, qui prend racine principalement dans les régions les plus pauvres et les plus marginalisées du pays, dévoile un visage honteux de violation des droits les plus élémentaires de l’enfant.
Les nouvelles formes d’esclavage impliquant les enfants au Cameroun sont multiples et terrifiantes. Dans les parties septentrionales du pays par exemple, les enfants sont souvent contraints à des travaux forcés dans les champs de coton et de maïs. Dans les régions de l’ouest, du Sud et autres Il est fréquent de voir des enfants en très bas âge travailler à longueur de journée et dans des conditions dantesques dans les carrières où ils extraient des pierres sous un soleil de plomb, pour un salaire dérisoire qui ne leur revient même pas toujours.
Les images des enfants employés comme orpailleurs dans des mines à l’Est sont devenues presque banales. À Douala et Yaoundé, Bafoussam, Garoua, les grandes métropoles ne sont pas en reste. L’exploitation des enfants sous forme de servitude domestique, où filles et garçons sont employés pour les tâches ménagères et souvent soumis à des abus physiques et psychologiques, est une réalité bien ancrée.
Le trafic d’enfants est également une réalité alarmante, souvent masquée par des promesses d’éducation ou d’emploi dans des villes éloignées, promesses qui se transforment rapidement en cauchemars de servitude. Ces enfants, déracinés et vulnérables, deviennent les victimes invisibles d’un système qui vole leur innocence.
Face à ce sombre tableau, le rôle des associations locales et internationales devient crucial. Elles qui travaillent sans relâche pour libérer ces jeunes esclaves, offrir des formations professionnelles aux enfants rescapés et sensibiliser les communautés aux dangers de l’exploitation infantile. Leurs efforts, bien que louables, ne peuvent cependant atteindre leur plein potentiel sans une coopération plus poussée avec les autorités locales.
L’État camerounais, garant des droits de ses citoyens, doit intensifier ses efforts pour éradiquer ce fléau. Cela passe non seulement par l’application stricte des lois existantes contre le travail des enfants et le trafic d’êtres humains, mais aussi par une amélioration des systèmes éducatifs et sociaux pour prévenir ces abus. Une politique proactive est nécessaire pour assurer à chaque enfant un avenir où sécurité, éducation et santé ne seront pas de vains mots.
Il est impératif que cette lutte devienne une priorité nationale. Il ne peut y avoir de développement durable sans le respect des droits des plus vulnérables. Les enfants du Cameroun méritent mieux que de servir de simples rouages dans une économie de l’ombre. Ils méritent une enfance, une éducation, et par-dessus tout, la liberté.
En cette ère de revendications globales pour les droits humains, il est temps pour tous, État, société civile, partenaires internationaux et chaque citoyen, de renforcer le front uni contre l’exploitation des enfants. Car, en effet, il s’agit là de notre responsabilité collective. Il est temps de briser ces chaînes, une fois pour toutes.
Michael Tchipkio