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La réserve de Boubandjida dans le nord et le parc national de Waza, dans la région de l’Extrême-Nord, sont aujourd’hui l’ombre d’eux-mêmes, avec le dur poids de la crise boko Haram et du Covid-19. 

Jadis le paradis des touristes, le parc national de Waza est aujourd’hui une zone perdue. Le long de la route, des villages fantômes  suites à des attaques d’animaux en divagations. Certains diront, qu’il existe un lien direct entre la Covid-19, Boko Haram, le trafic d’animaux sauvages et l’état actuel du parc. « A ce problème, s’ajoute la sècheresse chronique », déplore André́ N’Djidda, l’un des conservateurs de Waza. Les animaux partent vers le nord, à la recherche d’eau, mais ils croisent alors la route d’éleveurs et de braconniers. Comme s’ils se jetaient dans la gueule du loup…Pour protéger les quelques girafes,  éléphants et la vingtaine de lions qui peuplent encore ce parc de 1 700 km2, moins de trente-cinq rangers sont officiellement employés. Mais, de l’aveu du directeur, « seuls une vingtaine sont toujours à leur poste, les autres ont fui, effrayés par les combattants de la secte islamiste ». « La gestion du parc reste un problème, car les salaires des ouvriers ne sont plus réguliers», précise un employé qui garde l’anonymat. 

Le parc national dans les années 1997-2002 faisait la fierté de l’économie dans le septentrion et une référence pour l’économie camerounaise. Pour se faire des recettes et bénéfices, il fonctionnait tel que, les tarifs à l’entrée du parc étaient de 5 000 FCFA par étranger non-résident, 3 000 FCFA pour étranger résident et 1 500 FCFA pour les Camerounais. En outre, pour entrer dans le parc, les touristes ont l’obligation de prendre un pisteur (5 000 FCFA/ jour minimum). Ce qui permettait aussi aux employés de survivre. « Actuellement, en 2021, les employés du parc peinent à se faire de l’argent. Avoir un bénéfice ou une paye en une journée reste quelque fois impossible.», Emmanuel Bidomié, ex employé du ministère du tourisme. 

En effet, le Cameroun avec l’ensemble de ses aires protégées ne récolte pas plus de 30 milliards de FCFA pour son tourisme. Un contraste avec les pays comme le Kenya, ou le tourisme est la plus grosse contribution au PNB (419millions $) soit 10 fois plus qu’au Cameroun. On aurait pu se consoler d’un faible taux de fréquentation des aires protégées si ce taux était constant. Malheureusement, la fréquentation touristique des aires protégées a diminué dans tous les sens et le pays a totalisé moins de10000 visiteurs dans l’ensemble de ses parcs depuis 2019. 

Avec Waza, les retombées économiques peuvent avoir une importance toute particulière pour les populations locales. Selon une  étude de cas de l’Organisation et de Coopération de Développement Economique (OCDE), à court terme les recettes du tourisme ne suffiront pas à financer la protection de l’environnement voulue pour conférer une haute qualité aux produits touristiques. Elles révèlent en outre qu’il est très difficile d’assurer la répartition des avantages financiers entre les intervenants du secteur privé et du secteur public aujourd’hui.

 De plus, bien que le tourisme ait un fort potentiel à générer des bénéfices économiques, une grande proportion de cet argent est plus souvent dépensé pour autre chose. Ainsi, les impacts économiques  ne sont pas toujours substantiels et peuvent même ne pas être positifs du tout. « La gestion des bénéfices du tourisme est très complexe et parfois très difficile à investir dans les projets de l’Etat ». 

Réserve de Boubandjida 

 « Il arrive parfois que un à deux mois le site ne reçoit pas de touriste. Même les visiteurs négligés dans le passé, sont une mine d’or pour le parc aujourd’hui. A quand le retour du tourisme », Bouba M. employé de la zone.

Aujourd’hui comme il y a de cela quelques années avant, Boubandjida souffre d’un manque d’entretien flagrant aussi bien au niveau des campements que de l’aménagement du parc. La propreté du site est approximative et les services minimalistes. Pas de réseau disponible sur le campement. Pour survivre, les employés de la réserve sont obligés de se livrer au braconnage et bien d’autre commerce autour de certaine espèce d’animaux (girafes, lions).

Il faut noter que, le tourisme est la première industrie mondiale, plus de 800 millions de voyageurs internationaux. Les conséquences d’un tourisme de masse incontrôlé peuvent être dévastatrices, aussi bien pour l’environnement que pour le milieu humain. « Le ministère du tourisme et de l’économie devrait penser à une collaboration et refaire jaillir l’attraction qui existait dans les années 1997-2004 », Roger Mbella, Agent touristique.

En attendant sûrement un coût de baguette magique comme le dirait les pessimistes du domaine, les regards restent tourner vers l’après Covid pour pouvoir ressortir du gouffre. 

Joël Godjé Mana 


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